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Thu, 30 Oct 2014 13:17:45 +0100
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*English below, please scroll!*
Français (
http://fr.rsf.org/fightimpunity-les-crimes-contre-30-10-2014,47179.html)
English (
http://en.rsf.org/rsf-fightimpunity-defend-your-30-10-2014,47180.html)


*Reporters sans frontières (www.rsf.org <http://www.rsf.org>)*


*30 octobre 2014*

RSF lance la campagne #Fightimpunity : dix visages pour lutter contre
l’oubli

Dans le cadre de sa campagne #FightImpunity, à l’occasion de la Journée
internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre les
journalistes, Reporters sans frontières (RSF) dénonce dix cas d’impunité
symboliques. RSF entend ainsi mobiliser le grand public et renforcer les
pressions exercées sur les autorités pour traduire en justice les
responsables de ces crimes.

Le 18 décembre 2013, l’Assemblée générale de l’ONU créait la Journée
internationale de la fin de l’impunité des crimes commis contre les
journalistes. La date du 2 novembre, jour anniversaire de l’assassinat
de *Ghislaine
Dupont* et *Claude Verlon*, reporters de *Radio France Internationale*
(RFI), à Kidal au Mali, était choisie. Pour cette première édition,
Reporters sans frontières dénonce dix cas d’impunité symboliques dans le
cadre de sa campagne #Fightimpunity <http://fightimpunity.org/>. RSF donne
des noms et visages à des chiffres dramatiques et montre l’ampleur et des
formes que peut prendre l’impunité. Dans tous ces cas, comme dans tant
d’autres, les procédures officielles pour élucider les affaires ont été
inexistantes ou largement insuffisantes. Plus de 90 % des crimes commis
contre les journalistes ne sont jamais élucidés et donc jamais punis.

Sur le site http://fightimpunity.org, l’organisation présente des cas de
crimes demeurés impunis. Ils sont relatifs à des disparus, comme la
journaliste d’investigation mexicaine *María Esther Aguilar Casimbe*, le
journaliste franco-canadien *Guy-André Kieffer*, l’Iranien *Pirouz Davani*
et l’analyste politique et caricaturiste sri-lankais *Prageeth Eknaligoda*.
La liste comprend des cas de journalistes assassinés, comme le
Pakistanais *Syed
Saleem Shahzad*, la jeune journaliste serbe *Dada Vujasinovic*,
l’éditorialiste franco-libanais *Samir Kassir* et le journaliste du
Daghestan *Akhmednabi Akhmednabiev*, abattu en 2013. D’autres types de
crimes sont mis en avant, tels que l’emprisonnement du journaliste
suédo-érythréen *Dawit Isaak*, enfermé au secret dans les prisons
infernales du régime d’Issayas Aferworki depuis 13 ans, ou des actes de
torture perpétrés par des agents de police à l’encontre de la reporter
bahreïnie *Nazeeha Saeed*, pour avoir couvert des manifestations
pro-démocratiques.

“*Il est essentiel de ne jamais laisser tomber les journalistes victimes de
crimes, y compris à titre posthume*, observe Christophe Deloire, secrétaire
général de Reporters sans frontières. *Les dix cas d’impunité que nous
présentons sont les symboles terribles de l’impéritie voire de l’abstention
volontaire de certaines autorités lorsqu’il s’agit de réprimer les crimes
odieux commis contre celles et ceux qui tentent de révéler le monde tel
qu’il est. Un tel niveau d’impunité constitue une sorte d’encouragement
pour les auteurs d’exactions. La Journée internationale de la fin de
l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes est l’occasion de
rendre hommage aux victimes et de rappeler aux Etats leur obligation
d’assurer la sécurité des journalistes et de lutter contre l’impunité. Tout
en rappelant à ceux qui s’en prennent aux journalistes qu’ils devront un
jour ou l’autre répondre de leurs actes.*”

Qu’ils aient été exécutés, victimes d’attentat, qu’ils soient morts sous la
torture, ou portés disparus, ces journalistes ont payé le prix de leur
engagement en faveur de la liberté de l’information. Ils ont été visés en
raison de leurs enquêtes sur la corruption ou le trafic de drogue, leurs
critiques des autorités ou des services de renseignement, leurs
dénonciations de violations des droits de l’homme. Certains cas sont
devenus symboliques, d’autres sont moins connus. Les responsables sont
divers et variés : gouvernements, groupes armés ou tueurs à gages. RSF
pointe du doigt les manquements des systèmes judiciaires et policiers qui
font que ces affaires n’ont toujours pas été élucidées ou n’ont pas donné
lieu à une condamnation en justice de leurs exécutants et commanditaires.
Ces dix dernières années, près de 800 journalistes ont été tués dans
l’exercice de leurs fonctions. L’année 2012 s’est révélée la plus
meurtrière, avec 88 journalistes tués. En 2013, le nombre de tués a connu
une baisse relative mais les chiffres des attaques et menaces contre les
reporters continuent de grimper. Depuis le 1er janvier 2014, 56
journalistes ont perdu la vie.

*Les préconisations de RSF*

Afin de lutter contre l’impunité, Reporters sans frontières demande
l’instauration d’un conseiller spécial du secrétaire général des Nations
unies sur la protection des journalistes. Ce mécanisme central au sein des
Nations unies doit permettre d’assurer un suivi et un contrôle des
engagements des Etats découlant de la résolution 1738 du Conseil de
sécurité et de la résolution de l’Assemblée générale du 18 décembre 2013.
La résolution 1738, adoptée le 23 décembre 2006, rappelle “l’obligation de
droit humanitaire de mettre fin à l’impunité”. L’Assemblée générale de
l’ONU a adopté une résolution le 18 décembre 2013 demandant aux Etats de
mener rapidement “une enquête impartiale et efficace” “chaque fois que sont
signalés des actes de violence contre des journalistes”, de “traduire les
coupables de tels crimes en justice”, et de “s’assurer que les victimes
disposent de recours appropriés”. Dans une résolution du 19 septembre
dernier, le Conseil des droits de l’homme a appelé, dans des termes
proches, à mettre fin à l’impunité. Afin que ces textes soient appliqués
dans les faits, il est indispensable qu’un réel mécanisme international de
veille et de contrôle soit mis en place.

RSF demande également l’adoption d’un amendement de l’article 8 du statut
de la Cour pénale internationale (CPI) relatif aux crimes de guerre afin de
qualifier comme tel le fait de lancer des attaques délibérées contre les
journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé.
Reporters sans frontières, membre de la coalition française de la CPI,
préconise que les Etats adaptent leur droit afin de permettre de
poursuivre, au nom du principe de compétence universelle, les auteurs de
crimes internationaux qui se trouveraient sur leur territoire.

La Cour européenne des droits de l’homme comme la Cour interaméricaine des
droits de l’homme ont précisé que le respect par les Etats de la liberté
d’information impliquait non seulement de ne pas s’ingérer arbitrairement
dans l’exercice du droit à l’information mais également de protéger les
journalistes et de poursuivre les personnes qui s’en prennent à eux. RSF
demande aux Etats de mettre en application ces dispositions en adoptant des
enquêtes immédiates, efficaces et indépendantes et en condamnant les
auteurs d’attaques contre les journalistes. Les autorités en charge de ces
investigations doivent être mises en mesure de résister aux pressions et
obstacles politiques, diplomatiques ou techniques qu’elles peuvent parfois
rencontrer. Dans certains dossiers en cours, RSF a constaté la menace de
clôture de l’instruction, ce qui représente une victoire de l’impunité.


*********************************************************************************************


RWB puts ten faces to its #Fightimpunity campaign

Reporters Without Borders is highlighting ten emblematic cases of impunity
as part of its #FightImpunity campaign for the first International Day to
End Impunity for Crimes against Journalists. The aim is to involve the
general public and step up pressure on governments to bring those
responsible for these crimes to justice.

When the UN General Assembly created International Day to End Impunity for
Crimes against Journalists on 13 December 2013, it designated 2 November,
the anniversary of the murder of the two *Radio France Internationale*
journalists, *Ghislaine Dupont* and *Claude Verlon* in Kidal, Mali, in 2012.

Reporters Without Borders has chosen these 10 cases to put names and faces
to the tragic statistics and to show the scale and different forms that
impunity can take. The resources deployed by authorities to solve these and
many other cases have been either non-existent or hopelessly inadequate.
More than 90 percent of crimes against journalists are never solved and
therefore never punished.

These ten impunity cases are presented on a specially created website,
http://fightimpunity.org. Some of the victims disappeared, such Mexican
crime reporter *María Esther Aguilar Casimbe*, Abidjan-based French
journalist *Guy-André Kieffer*, Iranian newspaper editor *Pirouz Davani*
and Sri Lankan political analyst and cartoonist *Prageeth Eknaligoda*.

Some were murdered such as Pakistani reporter *Syed Saleem Shahzad*, the
young Serbian journalist *Dada Vujasinovic*, the Beirut-based columnist *Samir
Kassir* and the Dagestani journalist *Akhmednabi Akhmednabiyev*, who was
gunned down in 2013.

*Dawit Isaak*, a journalist with Swedish and Eritrean dual nationality, has
been held incommunicado in Eritrean President Issayas Aferworki’s hellish
prison camps for the past 13 years, while police officers tortured Bahraini
reporter *Nazeeha Saeed* for covering pro-democracy demonstrations.

“*We must never abandon journalists who are the victims of crimes, not even
posthumously*,” Reporters Without Borders secretary-general Christophe
Deloire said. “*The ten impunity cases we are presenting are shocking
examples of incompetence or wilful inaction by officials who should be
punishing despicable crimes against those who have tried to describe
reality as it is.*

*“Such a level of impunity just encourages those who commit these abuses.
International Day to End Impunity for Crimes against Journalists is an
occasion for paying tribute to the victims, reminding governments of their
obligation to protect journalists and combat impunity, and reminding those
who target journalists that one day they will be held to account for their
actions.*”

Whether killed execution-style, blown-up by a bomb, tortured to death or
disappeared, these journalists paid the price for their commitment to
freedom of information. They were targeted for investigating corruption or
drug trafficking, for criticizing the government or intelligence agencies
or for drawing attention to human rights violations. Some of the cases have
become emblematic, others are less well known.

Those responsible were many and varied, and include governments, armed
groups and hit-men. RWB blames the shortcomings of police and justice
systems for the failures to solve these cases or to convict the
perpetrators and instigators.

Around 800 journalists have been killed in connection with their work in
the past decade. The deadliest year was 2012, with 88 journalists killed.
The number of killed fell slightly in 2013 but the figures for physical
attacks and threats against journalists continued to rise. At total of 56
journalists have been killed since the start of 2014.

*RWB’s recommendations*

To combat impunity, Reporters Without Borders is calling for the creation
of the position of special adviser to the UN secretary-general on the
safety of journalists. Creating such a post at the heart of the UN system
would enable monitoring and verification of states’ compliance with their
obligations under UN Security Council Resolution 1738 and the General
Assembly resolution of 18 December 2013.

Adopted on 23 December 2006, Resolution 1738 reminds states of their
“obligations under international law to end impunity.” The resolution
passed by the UN General Assembly on 18 December 2013 calls on states to
conduct “impartial, speedy and effective investigations into all alleged
violence against journalists (...) to bring the perpetrators of such crimes
to justice and ensure that victims have access to appropriate remedies.”

A resolution adopted by the UN Human Rights Council on 19 September called
in similar terms for an end to impunity. A proper international monitoring
and verification mechanism is needed so that all these resolutions can be
implemented.

*RWB is also calling for an amendment to article 8 of the International
Criminal Court’s statute so that deliberate attacks on journalists, media
workers and associated personnel are defined as war crimes.* And it is
urging states to pass legislation allowing them, under the principle
of *universal
jurisdiction*, to prosecute those in their territory who committed grave
crimes in another country.

The European Court of Human Rights and the Inter-American Court of Human
Rights have ruled that respect for freedom of information not only requires
states to abstain from arbitrarily interfering in the use of the right to
information but also requires them to protect journalists and prosecute
those who target them.

RWB calls on states to implement these provisions by conducting immediate,
effective and independent investigations into attacks against journalists
and prosecuting those responsible.

The authorities that conduct these investigations must be able to resist
any political, diplomatic or technical pressure or obstacles they may
encounter. In some ongoing cases, RWB has seen how the threat of ending a
judicial investigation represents a victory for impunity.

__________________________________________________



*REPORTERS SANS FRONTIÈRES *
*| REPORTERS WITHOUT BORDERS *
*Cléa Kahn-Sriber*

Responsable du Bureau Afrique / Head of Africa Desk

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