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Haruna Darbo <[log in to unmask]>
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Date:
Tue, 17 Nov 2009 16:33:53 -0500
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Imagine you're stopped at the red light in your car. You're female and adorned with jewelry of confounding metallure. You happen to look in your sideview mirror and see a young man barely 14 with an axe hung over his shoulder. He walks briskly toward your window. What would you do? Haruna.



Bamako : LES MENDIANTS A LA HACHE
l'Essor n°16572 du - 2009-11-18 08:00:00



















C’est, avouent-ils, une astuce pour apitoyer les gens sur leur sort, en leur faisant croire que c’est faute d’avoir trouvé du travail, qu’ils sont contraints de mendier pour survivre








Un ami motocycliste nous raconte : "une grande dame a paniqué dans sa voiture immobilisée au feu rouge lorsqu'un petit mendiant avec une hache accrochée à l’épaule a surgi à sa portière. Cette femme, richement mise et portant beaucoup d'or, a tourné la tête quand elle a senti une présence étrangère. Elle a sursauté en découvrant l'adolescent armé. Précipitamment, elle s’est débarrassée de tous ses bijoux qu'elle a fourrés dans son sac et s’est cramponna nerveusement au volant. Dès que le feu est passé au vert, elle a démarré en trombe".
Ces gamins, ça fait un bon moment qu’on les croise dans les rues de Bamako, une hache sur l’épaule et une écuelle à la main. Mais ne vous méprenez pas, ce ne sont pas des bûcherons, mais plutôt des mendiants. Alors pourquoi une hache ? C’est, avouent-ils, une astuce pour apitoyer les gens sur leur sort, en leur faisant croire que c’est faute d’avoir trouvé du travail, qu’ils sont contraints de mendier pour survivre. Nombreux sont les Bamakois qui ont « marché ».
En fait, il semble improbable que ces gamins aient trouvé tout seul une telle astuce. Sur son origine, les avis divergent, la plus plausible étant qu’au début les Dogons qui gagnaient leur vie à Bamako en débitant le bois de cuisine des particuliers, se déplaçaient avec leur hache à l’épaule pour se signaler à leur clientèle. Lorsqu’ils manquaient de travail, ces bûcherons vendaient des plantes médicinales. A bout de ressources, ils devaient se résoudre à mendier, toujours avec leur hache à l’épaule pour signifier que s’il y avait du travail, ils étaient toujours preneurs. Aujourd’hui les bûcherons-mendiants ont disparu pour faire place à des mendiants arborant une hache en guise d’artifice.
Exactement comme le jeune Madou Traoré qui arpente les rues de Bamako pendant toute la journée. Ce gamin de 15 ans, est originaire de Koutiala. Un père décédé, une mère vendeuse de condiments au marché de Koutiala, lui-même qui boitille : Madou n’a guère été gâté par la vie et le sort.
Malgré son handicap il ne résigne pas et ne supporte pas de voir sa mère vivre dans des conditions aussi difficiles. Il quitte l’école à 9 ans et part pour Bamako. "Je suis venu dans la capitale pour venir en aide à ma mère qui n’arrivait souvent pas à trouver de quoi nous faire à manger", explique-t-il.
A Bamako, Madou rejoint un groupe de jeunes apprentis qui avaient élu domicile à l’ancienne autogare de Sotrama, derrière la direction générale de la CMDT. Il devient apprenti de Sotrama durant deux ans. « A cette époque je gagnais un « peu bien » ma vie car je pouvais avoir 1000 à 1500 Fcfa par jour", confie-t-il. 
Malheureusement pour lui, il s'habitue trop vite à ce qu’il pense être la vie de la grande ville. Il goûte à la drogue et à ses paradis artificiels. Il abandonne le marchepied des minibus pour déambuler dans les rues de la capitale avec une hache sur l'épaule et une écuelle à la main. Madou devient mendiant, presque du jour au lendemain. Dans le parking de l’Assemblée nationale en compagnie d'un ami, avec ses habits sales et son pantalon troué, il faisait peine à voir.

UNE PLAIE AU PIED. Madou n'en a apparemment pas fini avec la drogue. Il avait ce jour là quelques comprimés blancs dissimulés dans un chiffon au fond de son bol et s’accrochait à son explication : "Si tu te promènes avec la hache, les gens peuvent te prendre en pitié. C'est comme ça je gagne quelque chose".
Madou a longtemps traîné avec une plaie au pied occasionnée par un accident. "Un soir aux environs de 22 heures, raconte-t-il, je suis sorti avec mes amis. Un motocycliste m'a écrasé le pied gauche. La plaie s'est infectée. J'ai traîné très longtemps avec cette plaie". Le jeune mendiant est physiquement diminué et son état de santé est, à l’évidence, précaire. Il vit toujours avec ses copains dans l'ancienne autogare de Bozola. Conscient des dangers de la rue, Madou espère en sortir. Il veut retourner à l'école ou, malgré son pied, aller dans un centre de football de la capitale. Pas facile.
Ali Karambé mendie lui aussi dans la rue avec une hache. Ce garçon de 15 ans est arrivé du pays dogon au début de 2007. A la différence de Madou, il sera hébergé dans un premier temps par ses grands frères vendeurs de friperies au Nouveau marché de Médina-coura. Ils dorment tous là-bas sous des hangars dans la plus grande précarité. L’adolescent n’a jamais été à l'école. « Parce que mes parents n'avaient pas les moyens de m’y envoyer », explique-t-il. Ali finit par abandonner ses frères. Il prend actuellement ses repas à Médina-coura chez un commerçant qui l’a pris en pitié et qui le traite relativement bien. "J'ai droit à deux plats par jour chez ce commerçant que je considère comme un père", raconte-t-il. Mais, avoue-t-il, « il n’a jamais su que je m’adonnais à la mendicité ».
Après avoir pris son petit déjeuner, Ali prend sa hache et sa petite boîte pour se rendre en ville. Il sillonne au moins quatre quartiers dans la journée : Médina-coura, Bagadadji, Ngolonina et Missira. Croisé à Missira, il était vêtu de haillons et avait visiblement passé plusieurs jours sans se laver. Ali ne rentre qu'au petit soir avec quelques pièces de monnaie. "Parfois je peux gagner 500 Fcfa et même au delà", raconte-t-il en précisant qu'il n'a jamais fait le bûcheron. 
Sidy Konaté pratique le même « métier » que Madou et Ali mais, lui, n'a que 12 ans. Le jeune natif de Sirakoro Mégetanan, une localité située à 20 km de Bamako, a quitté l'école en 4è année car il ne supportait plus la misère de ses parents. Son père est gardien de concession tandis que sa mère s’efforce de gagner un peu d’argent en faisant des lessives. 
L'année dernière, Sidy est venu grossir un groupe de jeunes mendiants qui squattent la cour de l'ancien centre médical scolaire en face du ministère de la Communication.
Ses copains et lui préparaient ce jour là un plat de riz. Après avoir mangé, la bande s’est dispersée dans la rue, chacun portant une hache à l’épaule. Trop jeune pour voir loin, Sidy apprécie plutôt la mendicité. "Je peux avoir des fois jusqu’à 5000 Fcfa par semaine", souffle-t-il sur le ton de la confidence.
Notre petit mendiant et nombre de ses compagnons passent la nuit chez un promoteur de salle de jeux à Bozola. Leur bienfaiteur leur offre aussi le repas de midi. Sidy n'a pas oublié ses parents. Il revient les voir de temps en temps. "Un jour je suis allé rendre visite à mes parents avec un vélo que j'ai acheté. J'ai donné à cette occasion 5000 Fcfa à ma mère", raconte-t-il fièrement. 
Madou, Ali, Sidy : trois destins, une manière identique de gagner leur vie, une précarité similaire et un avenir à haut degré d’incertitude commun.

Seydou TANGARA









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