Reporters sans frontières

Communiqué de Presse
03.08.18
MALI
  
Mali :
RSF dénonce la fermeture illé
g
ale d'une radio en pleine élection présidentielle

Radio Renouveau FM a été fermée sur décision du gouverneur de Bamako qui estime que les propos tenus à l’antenne par un animateur soutenant l’opposition relèvent de “l'incitation à la haine et à la révolte”. Reporters sans frontières (RSF) conteste la légalité de cette décision et demande la réouverture du média en attendant que l’organe compétent de régulation soit saisi du dossier.



Alors que les résultats du premier tour de l’élection présidentielle malienne ont été annoncés dans la soirée du jeudi 2 août, les journalistes de Radio Renouveau FM n’ont pas pu commenter la qualification pour le second tour du président sortant Ibrahim Boubacar Keïta et de son principal opposant, Soumaïla Cissé, arrivé deuxième. Le média a été fermé “jusqu’à nouvel ordre” et les locaux placés sous scellés quelques heures plus tôt sur décision du gouverneur à la suite de la diffusion de l’émission “Carte sur table” du mardi 1er août, animée par le célèbre activiste et soutien de l’opposition Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. Le gouverneur estime que l’animateur, qui fait partie de l’équipe de campagne de Soumaïla Cissé, a tenu des propos “d’incitation à la haine et à la révolte” et motive sa décision par la nécessité de “préserver l’ordre public et la tranquillité dans le district de Bamako”.

“Les textes sont clairs, le gouverneur n’a pas à jouer les régulateurs et n’a pas autorité pour fermer un média, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Il existe des procédures légales et une Haute autorité de la communication pour examiner d’éventuels manquements à la déontologie et à l’éthique. Nous demandons à la HAC de se saisir de ce sujet et appelons les autorités à ne pas entraver le travail des médias a fortiori pendant cette période électorale comme elles s’y étaient engagées.  Les autorités doivent ordonner la réouverture immédiate de cette radio, en attendant qu’une décision soit prise sur le fond par l’organe de régulation compétent”.

Dans son émission très populaire au Mali, Ras Bath accuse régulièrement le pouvoir malien de corruption. Mardi soir, il avait dénoncé des fraudes dans plusieurs localités, accusés le président et son entourage d’en être les initiateurs et d’avoir profité de la pauvreté des Maliens pour acheter leurs voix.

La Haute autorité de la communication (HAC), seul organe régulateur habilité à se prononcer sur la conformité des contenus diffusés dans les médias, n’a pas été saisie ni consultée. Contacté

e
par RSF, la HAC a botté en touche, affirmant qu’elle “n’a pas à juger de la pertinence de cette décision et ne peut pas se prononcer sur le niveau de sécurité dans le pays”.

Or, selon la loi relative aux services privés de communication audiovisuelle de 2012, seule la HAC ou le ministre chargé de l’Administration territoriale (article 63) peuvent décider de la suspension d’un média. Dans ce dernier cas, la décision ne peut être prise qu’après avis de l’organe de régulation et seulement motivée pour “atteinte aux intérêts de la défense nationale ou de l’unité nationale”.

Dans un communiqué, l’Union des radiodiffusions et télévisions libres du Mali (URTEL) a exprimé sa “stupéfaction” et invité les autorités au “respect des prérogatives” de la HAC. Le syndicat national des journalistes reporters du Mali a, de son côté, condamné “sans réserve” cette décision.

A la suite de la brève interpellation dimanche 22 juillet de trois journalistes de TV5 Monde venus couvrir l’élection présidentielle, RSF avait rappelé que le devoir des autorités était de garantir la libre couverture du scrutin. Arouna Modibo Touré, le ministre de la Communication s’était alors engagé à ce qu’”aucun journaliste ne soit bloqué dans l’exercice de ses fonctions” pendant cette période électorale.

Le Mali occupe la 115e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.




Press release
08.03.18
MALI


 

Malian radio station closed illegally during presidential election

 

Reporters Without Borders (RSF) disputes the legality of yesterday’s closure of Bamako-based Radio Renouveau FM shortly before the announcement of the results of the first round of Mali’s presidential election, and calls for the radio station to be reopened pending a decision by the competent regulatory authority.

 

Reporters Without Borders (RSF) disputes the legality of yesterday’s closure of Bamako-based Radio Renouveau FM shortly before the announcement of the results of the first round of Mali’s presidential election, and calls for the radio station to be reopened pending a decision by the competent regulatory authority.

 

By ordering its closure for allegedly inciting hatred, Bamako’s governor prevented the station from commenting on the first-round results, in which President Ibrahim Boubacar Keïta was declared the winner but without enough votes to avoid a run-off against his leading opponent, Soumaïla Cissé.

 

Radio Renouveau FM was closed “until further notice” and seals were placed over its entrance a few hours after the governor announced that he had to “preserve public order and calm” because of the comments made during the station’s “Cards on the Table” programme the day before.

 

Comments by programme host Mohamed Youssouf Bathily (also known as Ras Bath), a prominent opposition activist who is part of the Cissé campaign team, constituted “incitement to hatred and revolt,” the governor claimed.

 

“It is clear from Mali’s legislation that the governor cannot act as media regulator and does not have the authority to close a radio station,” said Arnaud Froger, the head of RSF’s Africa desk. “Mali has legal procedures and a High Authority for Communication (HAC) to examine any breaches of journalistic ethics. We ask the HAC to take charge of this case and we call on the authorities not to obstruct the work of the media, especially during an election, as they promised. The authorities must order the reopening of this radio station pending a decision on the substance of this case by the competent authority.”

 

Ras Bath often accuses the Malian authorities of corruption during his very popular programme. On the evening of 1 August, he claimed that election fraud had taken place in several localities, blaming the president and his allies and accusing them of taking advantage of widespread poverty to buy votes.

 

The governor did not refer this case to the HAC, or consult it, although the HAC is the only regulatory body with the power to issue a ruling on the legality of content in the media. When contacted by RSF, the HAC dodged the issue, saying that it was “not in a position to evaluate the appropriateness of this decision or the level of security in the country.”

 

Under Mali’s 2012 law on commercial broadcast media, only the HAC or the minister responsible for “territorial administration” (article 63) can suspend a media outlet and, in the latter case, the suspension can be ordered only on the grounds of a “threat to the interests of national defence or national unity” and when the HAC has given its approval.

 

Mali’s Union of Free Radio and TV Broadcasters (URTEL) has issued a statement voicing “stupefaction” and calling on the Malian authorities to “respect the HAC’s prerogatives.” The National Union of Reporters voiced its “unreserved condemnation” of the closure.

 

After three journalists from the French TV channel TV5 Monde were briefly arrested on 22 July on their arrival to cover the election, RSF reminded the authorities of their duty to guarantee unobstructed media coverage. When reached by RSF last week, communication minister Modibo Touré promised that, “no journalists will be blocked in the course of their work covering the election.”

 

Mali is ranked 115th out of 180 countries in RSF's 2018 World Press Freedom Index.

 










REPORTERS SANS FRONTIÈRES / REPORTERS WITHOUT BORDERS (RSF)

Arnaud Froger

Responsable du bureau Afrique / Head of the Africa desk

__________________________________________________ 

+33 1 44 83 84 76

CS 90247 75083 Paris Cedex 02

 

Nouvel album "100 photos de JR pour la liberté de la presse" 

New album "JR - 100 photos for Press Freedom"

 

   



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