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ALASSANE DRAMANE OUATTARA, PRESIDENT DE LA COTE D’IVOIRE |
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“Tous les crimes de sang seront punis“ |
| Publié le 14/05/2011 | 08H04 GMT par Abdoulaye THIAM | |
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président de la République ivoirienne, Alassane Dramane Ouattara est
formel. ““Tous les crimes de sang commis en Côte d’Ivoire seront punis“ a
déclaré l’ancien Directeur général adjoint du Fonds monétaire
international (Fmi) et ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats
de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). En visite “d’amitié et de travail“ au
Sénégal depuis jeudi dernier, ADO a animé une conférence de presse
conjointe (avec Abdoulaye Wade), hier matin au Méridien Président de
Dakar. |
Rumeurs sur la mort de Charles Blé Goudé?
Je
ne suis pas informé de la mort de Charles Blé Goudé (Leader des Jeunes
patriotes, Ndlr). Je vais essayer d’y voir clair toute à l’heure.
La réconciliation nationale ?
La
réconciliation nationale est en marche. Nous avons mis en place une
commission “Vérité et Réconciliation“ dont le président est l’ancien
gouverneur de la Bceao, Charles Konan Banny. Il a été ancien Premier
ministre dans le cadre des accords de Marcoussis. Il lui appartiendra de
mettre en place la structure très prochainement ; de proposer le
vice-président ainsi que les membres devant y siéger.
Ce sera une
commission représentative de tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, non
pas seulement les Ivoiriens. Elle sera donc composée des réfugiés, des
Chefs traditionnels. Nous sommes d’accord sur tout cela. Nous tiendrons
en compte les propositions faites par les différentes couches sociales
et politiques du pays.
La journée des martyrs ?
Nous
avons décrété la journée des martyrs, les jeudi, vendredi et samedi.
C’est d’ailleurs suite à la cérémonie d’hier matin (jeudi, Ndlr), que
j’ai pris l’avion. Je dois retourner (hier, Ndlr) pour participer à
cette journée des martyrs qui se poursuit jusqu’à samedi (aujourd’hui,
Ndlr).
Qui sera le prochain gouverneur de la Bceao ?
Je
vais proposer à tous les Chefs d’Etat de l’Uemoa, le nom du prochain
gouverneur de la Bceao pour obtenir leur accord. Ce sera donc lors de la
prochaine réunion des Chefs d’Etat à
Lomé (Togo). Je crois ce sera le
30 mai prochain.
Circonstances de la mort du Ibrahima Coulibaly, “IB“ ?
Mes
instructions ont toujours été claires. La vie humaine est sacrée. Il ne
faut tuer personne. J’ai donné les mêmes instructions pour le
sergent-chef, Ibrahima Coulibaly. Malheureusement, les choses se sont
passées autrement pour lui. Mais de toute façon une autopsie a été
faite. Et, bien entendu, il y aura une enquête pour déterminer les
circonstances de sa mort.
D’ailleurs, les questions concernant “IB“
me sont très proches. Parce qu’il a été garde du corps
chez moi. C’est
donc un garçon de la cour qui a travaillé à mes côtés comme d’autres
gardes du corps. Nous le connaissons bien. Nous connaissons sa femme,
ses enfants. Vous comprendrez que sa mort ne peut nous laisser
indifférent.
Le cas de Guillaume Soro ?
Soro
Guillaume est le Premier ministre en même temps, ministre de la
Défense. C’est une fonction qu’il remplit très bien. Le Président Bédié
(Henri Konan, Ndlr) et moi, sommes conscients du travail qu’il fait.
Pour le moment, il continuera à exercer ses fonctions.
Amnistie ?
Nous
avons eu plusieurs lois d’amnistie en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, nous
avons appelé la commission vérité réconciliation “Commission Dialogue
Vérité et Réconciliation“. Elle aura à faire des recommandations au
président de la République. Je signale qu’en même temps, le processus
judiciaire devra se poursuivre. La Côte d’Ivoire doit être un Etat de
droit. Pour le moment un certain nombre de responsables politiques ou
militaires sont en résidence surveillée. Les enquêtes préliminaires vont
commencer. Et bien attendu, à l’issue de cela, certains se retrouveront
devant la justice. Donc, on ne peut pas préjuger de ce que nous allons
faire. Mais, il est clair qu’il y a plusieurs catégories d’études.
D’aucuns peuvent effectivement faire l’objet d’amnistie ; certains de
condamnation ; et peut être, d’autres notamment les crimes de guerres et
les crimes contre l’humanité seront punis par la Cour pénale
internationale (CPI). Ces sont des questions de justice. Les droits des
citoyens doivent être préservés. Nous ferons tout pour qu’il en soit
ainsi.
Le ministre de la justice et l’Indépendance de la justice ?
Le
ministre de la justice ne peut pas être une personnalité hors du
gouvernement. La justice est indépendante. Mais, le ministre de la
Justice fait partie du Gouvernement. La justice est une grande fonction.
Mais l’état de droit sera respecté en Côte d’Ivoire. L’actuel ministre
de la Justice est un avocat (Me Jeannot Kouadio Ahoussou, Ndlr), qui a
une très bonne réputation. Je crois qu’il fait un travail minutieux, qui
protége les droits des citoyens, comme la situation globale de la
justice et la pérennité de la justice dans notre pays.
Ouattra au pouvoir, est-ce une revanche ?
Je
ne suis pas un homme qui cherche à se venger. La vie politique est
ainsi faite. On peut souffrir de certaines situations. Maintenant, je
suis le Président de tous les Ivoiriens. Par conséquent, mon devoir est
de rassembler tous les Ivoiriens. Nous avons besoin de ça pour une bonne
réconciliation. Nous allons y arriver parce qu’il y a une volonté
commune de sortir de cette situation. Nous allons essayer de restaurer
l’état de droit, d’avoir des institutions fortes pour ne plus revivre ce
que nous avons eu à vivre par le passé. Nous allons ouvrir une nouvelle
ère dite “plus jamais ça“.
Au niveau de l’armée, les 15
généraux y compris ceux qui avaient quitté le territoire national sont
rentrés au pays. Parce qu’ils sentent qu’il y a une volonté de
réconciliation de la part des Ivoiriens. L’armée doit protéger les
citoyens.
Sur les Sénégalais vivant en Côte d’Ivoire
Le
président Wade et moi, en avons parlé très souvent. Je suis pressé de
les voir revenir. Tous ceux qui ont dû partir précipitamment sont les
bienvenus. Certaines familles sénégalaises ne connaissent que la Côte
d’Ivoire. En réalité ce sont des Ivoiriens.
Responsabilité des Forces Républicaines
Je
dois vous dire qu’en réalité, les Forces Républicaines n’ont été
constituées que le 17 mars 2011 suite à une décision de la Cedeao qui a
envisagé l’usage de la force. Nous avons considéré que dans cette
perspective, les forces de sécurité en Côte d’Ivoire doivent prendre ses
responsabilités ; pacifier le pays et protéger les Ivoiriens. Cette
pacification a commencé à l’intérieur du pays. Ça a duré trois jours sur
l’ensemble du territoire national (Est, Ouest, Centre), jusqu’à ce que
les Forces Républicaines arrivent aux portes d’Abidjan. Là aussi, j’ai
demandé qu’elle soit cantonnée au bord d’Abidjan en espérant que Laurent
Gbagbo aurait compris que le pays entier lui a échappé et qu’il accepte
de partir. Malheureusement, il a préféré engager une bataille en
recrutant des miliciens, des mercenaires. Car l’Armée régulière, la
Gendarmerie et l’essentielle de la Police ont refusé de participer à ce
combat. Ils estimaient que ce n’était pas un combat juste. C’est donc
avec des mercenaires étrangers qu’il (Gbagbo) a engagé la bataille qu’il
a perdue.
Jusqu’à maintenant, partout où on nous a signalé que
les choses ont dérapé, nous avons engagé des enquêtes. C’est le cas de
Duékoué, (une ville de Côte d'Ivoire, dans la région du Moyen-Cavally, à
l'ouest du pays, proche du Libéria et de la Guinée, Ndlr) où nous avons
envoyé le Procureur pour enquêter sur les crimes. J’ai même demandé que
la commission des droits de l’homme d’envoyer une équipe. Parce que ma
volonté, c’est de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’impunité en Côte
d’Ivoire. Nul n’est au-dessus de la loi. Donc, tous ceux qui ont commis
des crimes de sang seront punis. Il n’y aura pas d’exception.
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