Au
terme de l’élection partielle qui s’est déroulée dimanche dernier, le
parti Yéléma sort vainqueur avec 19 Conseillers. Dans l’interview qui
suit, son président, Moussa Mara, nous dévoile le secret de sa victoire
et se dit prêt pour des alliances avec les formations politiques qui le
veulent bien. Lisez !
Le Prétoire : Comment s’est déroulée, selon vous, l’élection partielle de dimanche dernier en Commune IV du District de Bamako ?
Moussa Mara :
Elle s’est assez bien déroulée, parce que le taux de participation a
été plus élevé qu’en 2009. Là, c’est un élément important et positif.
Mais, il y a eu des difficultés logistiques. Des gens n’arrivaient pas à
retrouver leurs bureaux de vote, leurs cartes d’électeur. Certains
avaient leurs cartes et leurs pièces d’identité, mais ne parvenaient pas
à voter, parce que les présidents des bureaux de vote ne comprenaient
pas toutes les règles électorales. Il y a également eu des difficultés
d’acheminement du matériel électoral. Il y a tout de même une note de
satisfaction, puisque les électeurs ont choisi de nous faire confiance.
Sur la base des résultats provisoires disponibles au niveau des QG de
campagne, notre liste arrive nettement en tête avec environ 37% des voix
contre 16% pour le deuxième. Donc, c’est une victoire nette et
indiscutable.
Le Prétoire : Vous avez tantôt parlé de la bonne mobilisation. Parlez nous approximativement du taux de participation.
Moussa Mara :
Le taux de participation, selon nos calculs, tournent autour de 18 à
20%. On a un taux de retrait des cartes électorales de 30%. Cela est une
première dans notre Commune. Lors des dernières élections municipales,
le taux de participations était de 15% et même lors des législatives de
2007, le taux de participation était inférieur à 14%. Cela s’explique
sans doute par l’enjeu et la motivation des populations, ainsi que par
le fait que tous les candidats ont eu la liste électorale à leur
disposition et ont beaucoup aidé leurs militants dans l’obtention de
leurs cartes d’électeur. Ce sont ces éléments qui expliquent la hausse
du taux de participation. Cela étant dit, ce taux de participation, même
s’il est en hausse, il reste faible. Voir très faible. Vous l’avez vu,
la presse est revenue dessus. Traditionnellement à Bamako, les taux de
participation sont faibles. Malgré tout, ne désespérons pas et faisons
en sorte qu’un jour, nos taux de participation puissent être élevés pour
les élections plus importantes à venir.
Le Prétoire : Monsieur Mara, comme vous l’avez si bien dit, vous venez de sortir vainqueur de ces élections. Quelles sont vos impressions ?
Moussa Mara :
Nous mesurons, je dirai à sa juste proportion, la confiance placée par
les électeurs en nous. Une victoire électorale n’est pas un motif de
satisfaction, c’est plutôt un engagement à l’action. Nous, nous
l’estimons comme cela, parce que le poste de maire ou de député n’est
pas une fin en soi. Le véritable objectif, c’est de travailler au
développement de la Commune. Donc, les populations nous ont donné la clé
pour entrer à l’intérieur de la mairie. Mais, une fois à l’intérieur de
la mairie, c’est à nous de travailler avec le soutien de la population
pour que notre Commune puisse être un lieu de prospérité et de
solidarité. Nous accueillons alors très humblement ces résultats et les
considérons comme une invitation sérieuse au travail. Nous attendons de
pouvoir occuper les fonctions au niveau du Conseil municipal de la
mairie, afin de nous atteler aux tâches de développement de la Commune.
Le Prétoire : Peut-on considérer cette victoire comme une justice divine envers vous?
Moussa Mara :
N’allons pas jusque-là. Nous croyons à l’Eternel ; nous estimons que
c’est un Seigneur de justice et de paix. Mais, nous souhaiterions placer
notre victoire dans la cadre plus pratique et pragmatique du souci
global, massif et majoritaire de la population aux changements dans
notre Commune. Ces soucis, cette volonté et cette ambition sont traduits
par le résultat que vous connaissez. Donc, nous mettons vraiment nos
résultats dans ce cadre. Nous estimons que nous n’allons pas nous
asseoir et à remercier seulement le Seigneur qui nous a aidés. Tout en
étant reconnaissants, nous devons davantage travailler pour que la
Commune puisse sortir de l’ordinaire. Je pense que, quelque part, c’est
ce que le Seigneur attend de nous.
Le Prétoire : quelles sont vos ambitions futures pour la commune ?
Moussa Mara :
Nos ambitions futures, c’est simple. Nous avons eu un mandat
interrompu. Inch Allah, si les résultats sont confirmés et si nous
arriverons à monter une grande coalition pour gérer la mairie, nous
allons revenir aux affaires. Donc il s’agit simplement de reprendre le
train là où il s’est arrêté, puis de continuer. Nous avons un programme,
nous avons des idées. Nous avions commencé à les mettre en œuvre. Donc
nous n’allons pas changer. Nous allons poursuivre résolument tous les
chemins que nous nous sommes tracés.
Le Prétoire : Quels sont les grands axes de votre programme ?
Moussa Mara :
Les grands axes de notre programme sont maintenant connus de tout le
monde. Le premier axe consiste à la bonne gouvernance, à la transparence
et à la participation de la population. Nous voulons travailler de
concert avec les femmes et les hommes de la Commune IV, les
organisations, les associations, les groupements, les forces vives de la
société civile. Les associer, les inviter à toutes les activités
municipales ; gérer la Commune au quotidien avec leur soutien. Donc, la
participation populaire et la co-gestion de la Collectivité sont des
éléments clé de notre programme.
Le
second axe, c’est tout ce qui concerne le respect des règles. Nous
estimons que dans une Collectivité, dans une vie de proximité, chaque
citoyen est tenu de respecter un certain nombre de règles. Des règles
par rapport à l’hygiène, au bon voisinage, aux bruits, à l’occupation
des espaces, aux autorisations d’exercer les activités, d’ouverture des
établissements et autres. Nous allons faire en sorte que tout le monde
puisse être dans les normes et règles de la vie courante.
Le
troisième axe, c’est l’emploi des jeunes. Nous avons des initiatives
importantes en termes de formation continue, de stage, de financement de
projet et d’aide à l’emploi pour que les jeunes de la Commune IV
puissent bénéficier de l’action communale.
Le
quatrième axe c’est la question foncière. Nous avons deux grands
objectifs. Le premier, c’est de faire en sorte que tous ceux qui ont
subis la politique foncière dans notre Commune, puissent être remis dans
leurs droits. Le second, c’est que nos places publiques qui sont des
lieux de rencontre, soient préservées. Que toutes les places publiques
puissent être libérées. En matière foncière se sont les deux objectifs.
Maintenant,
en termes de ressources, parce que pour pouvoir faire tout cela il faut
des revenus ; nous entendons emprunter cette voie, afin que la Commune
puisse avoir une situation financière meilleure que celle qu’elle a eue
auparavant. Ce sont quelques grands axes sur lesquels nous allons nous
travailler, afin que la Commune soit de nouveau sur les rails en matière
de développement.
Le Prétoire : Etes- vous prêt à nouer des alliances et qu’avez-vous à dire pour les autres formations politiques ?
Moussa Mara :
Actuellement, nous sommes disponibles et nous sommes même demandeurs.
Avant les élections, j’ai tendu la main à toutes les forces politiques
et je pense qu’on peut aller dans ce sens. Evidemment, les alliances se
font autour des programmes et des idées. Ceux qui se sentent en mesure
d’agir dans le cadre de nos programmes et de nos idées, c’est avec
plaisir que nous leur tendons la main afin qu’on travaille ensemble.
Nous sommes contre personne.
Le Prétoire : La
première victoire des élections en 2009 a été annulée, Mara est parti
entant que candidat indépendant. Mais aujourd’hui Mara vient de gagner à
la tète d une jeune formation politique. N’est ce pas une surprise ?
Moussa Mara :
La victoire ne peut pas être considérée comme une surprise, parce que
ceux qui sont sur la liste YELEMA, sont les même que ceux qui étaient
sur la liste indépendante. Donc c’est le même programme et les mêmes
idées. YELEMA a une envergure nationale. Nous nous sommes battus a
l’intérieur du parti et nous avons gagné. Ce n’est pas parce que YELEMA
est jeune que YELEMA ne peut pas gagner une élection. Les jeunes partis
peuvent parfaitement gagner les élections, pourvu qu’ils puissent avoir
un programme et qu’ils puissent susciter l’adhésion des hommes pour
porter le programme
Le Prétoire : Votre
message à l’endroit des militants et sympathisants de YELEMA, et dune
manière générale, à l’endroit de la population de la Commune IV ?
Moussa Mara :
Je remercie tous ceux qui ont voté pour la liste YELEMA, et aussi tous
ceux qui n’ont pas voté pour nous, mais qui ont participé aux
élections. Je voudrais leur dire que leur message est entendu.
Désormais, nous allons nous battre au quotidien pour que le sort de la
Commune puisse être amélioré ; pour que le sort de chaque habitant
puisse être amélioré dans la Commune. Je les invite en même temps à
rester engagés pour qu’ensemble, on puisse travailler au quotidien. La
mairie ne peut être qu’au sein de la population et avec la population.
Et ceci, pour le bonheur de la Collectivité et la réussite de chacun.
Merci encore une fois et ce n’est que le début. Donc, donnons-nous la
main pour bâtir notre Commune ensemble !
Propos recueillis par Nouhoum Dicko et Destin Gnimadi
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