KIOSQUE : La troisième ethnie
Maintenant que les opinions
sont connues, maintenant que les intellectuels ont choisi leurs camps et
maintenant que les extrémistes de chaque camp ont regagné leurs
tranchées, que le vote utile aille à la troisième ethnie. La troisième
ethnie, celle qui paie pour toutes les vanités sans jamais oser se
plaindre, celle qui souffre de la famine et de la précarité et de
l'indifférence...
Faites
un tour dans les hôpitaux de Conakry et observez ceux qui sanglotent de
désespoir parce que confrontés à une mort imminente, faute de soins ;
écoutez la douleur de ces parents qui assistent impuissants au dernier
souffle de leurs nourrissons oubliés des médecins, ce trop plein de
femmes qui meurent au moment devenu fatidique d'accoucher.
La
troisième ethnie, celle pour qui il faut voter ce 7 novembre, c'est bien
celle-là : sans emploi, désespérée, exploitée et déshumanisée ! S'il
devait y avoir une ethnie politique en Guinée c'est bien celle-là, celle
pour qui l'eau et l'électricité relèvent du luxe, les soins de santé
hors de portée et l'éducation un rêve.
La Guinée des oubliés et
des sans droits, la Guinée de familles déshonorées, celle des jeunes
filles pas assez bien pour les salles de classes mais bien obligées à la
prostitution de masse.
Les victimes de la corruption et du
mensonge d'Etat sont-ils tous Malinkés, tous Peuls où forestiers. Les
chômeurs originaires d'une des régions bénéficient-ils d'allocations de
chômage au point que nous fassions un distinguo entre bons et mauvais
pauvres, que nous érigions un mur de haine entre guinéens ?
Que
de faux de débats et d'intoxications, soit un affrontement de mauvais
goût entre nantis de toutes les ethnies rassemblés en une classe
dominante sur le peuple des damnés de la Guinée. Ces derniers sont de
toutes les ethnies et voient leur avenir hypothéqué pour des desseins
personnels et élitistes, ils doivent aller se battre et massacrer
d'autres guinéens tous aussi victimes qu'eux.
Le vote ethnique
oui, mais pour la bonne ethnie politique, celle de toutes les régions,
de toutes les tribus. L'ethnie dont les enfants n'ont jamais vu un
ordinateur portable, celle qui ne se fera jamais soigner dans les
cliniques cinq étoiles de Conakry et encore moins dans les hôpitaux
parisiens.
Il faut sauver la troisième ethnie en votant le 7
novembre pour une démocratie véritable dans notre pays, en rejetant
toute velléité de faire tuer des Guinéens par des Guinéens. Voter pour
la justice et la dignité des familles guinéennes, voter pour qu'il n'y
ai plus de super Guinéens, mais que tous nous soyons vraiment égaux :
c'est voter pour les sans voix.
Que nos ethnies que nous
n'avons, au demeurant, jamais choisies ne nous servent pas de leviers et
de prétextes pour détruire la Nation guinéenne, fruit de notre volonté
et de celle de nos devanciers.
La troisième ethnie c'est
l'ethnie de tous, celle qui attend de voir la lumière depuis 52 ans, la
troisième ethnie c'est celle dont le salut ne viendra que d'une bonne
gouvernance de notre pays, celle pour qui la guerre civile n'est pas une
juste solution.
Chers concitoyens, que ce dimanche 7 novembre
et les jours qui suivent nous permettent de mieux concevoir notre avenir
commun, qu'il ne nous serve point à identifier l'origine ethnique de
nos voisins, encore moins à les réduire en silence parce qu'ils seraient
présumés avoir une sympathie naturelle pour celui pour qui nous
n'aurons pas voté.
Voter pour la troisième ethnie, c'est voter
pour la Guinée de tous les guinéens, c'est également tourner le dos à ce
que nous ne voulons plus jamais en Guinée : le sacre de la médiocrité !
Titi Sidibé
Analyste et correspondant de www.nlsguinee.com en Belgique
E-mail : [log in to unmask]
Pour www.nlsguinee.com, partenaire de GCI