Inénarrable. Nous connaissions les coups d’Etat subtils avec la balle magique qui frappe le président au front, traverse son crâne pour se loger dans le ventre de son gouverneur de voisin. Et puis tous les mystères qui entourent ce genre de sinistre exploit.

Mais franchement un garde de corps qui tire, de sang froid, une balle dans la tête de son président tient plus des westerns spaghettis de nos enfances naïves quand le cinéma était un luxe bourgeois. Pourtant, c’est bien ce western de mauvais goût que la Guinée vient de nous servir, fidèle à son sens du baroud, du hara kiri et de l’embrouillamini. Le duel dont aurait pu se passer ce pays déjà tant meurtri n’a tué, certes aucun de ses protagonistes. Mais aucun d’entre eux n’est vraiment libre ou maître du jeu.

Dadis était dit le weekend dans un coma artificiel, son demi-meurtrier était dans la nature, sa tête mise à prix, entre communiqués contradictoires, mensonges grotesques, coups de théâtre et cris vengeurs, signes évidents d’un État désemparé, et il faut le craindre, de gros temps.

Comme quoi par exemple ? Une bataille rangée au sein d’un Cndd presque décapité (et pas qu’au figuré) ; une sainte alliance de la junte avec le pestiféré Toumba accepté comme contradiction secondaire, la contradiction principale se frottant les mains, et ses mains ne peuvent qu’être celles de Sidya Touré, François Fall, Cellou Dallen, Moktar Diallo dont plus personne ne parle alors qu’il était en détention au moment des faits.

De quoi demain sera-t-il fait à Conakry était une question pertinente avant le 28 septembre dernier. Elle l’est devenue encore plus après ce jour maudit. Elle l’est totalement et plus cruellement depuis soixante douze heures. Quoiqu’il arrive désormais au chef de la junte venu en père Noël il y a un an. Presque le temps d’un calendrier, sans la Guinée promise et une hécatombe plus tard. Mon Dieu, sauve la Guinée !