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Reporters sans frontières
Communiqué de presse

30 décembre 2008

Liberté de la presse : l’année 2008 en chiffres
Un mauvais climat, mais de meilleurs chiffres ; la répression se  
déplace sur Internet

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29793

En 2008 :
   60 journalistes tués
   1 collaborateur des médias tué
   673 journalistes arrêtés
   929 agressés ou menacés
   353 médias censurés
   29 journalistes enlevés

Et concernant Internet :
   1 blogueur tué
   59 blogueurs interpellés
   45 agressés
   1740 sites d’information fermés ou suspendus

A titre de comparaison, en 2007 :
   86 journalistes tués
   20 collaborateurs des médias tués
   887 journalistes interpellés
   67 enlevés
   1511 agressés ou menacés
   528 médias censurés

Reporters sans frontières a pris en compte les cas où le lien entre  
la profession de la victime et l’incident est soit établi, soit  
hautement probable. Les chiffres indiqués recensent les épisodes dont  
l’organisation a eu connaissance, ce qui ne prend pas en compte ceux  
pour lesquels les victimes ont volontairement gardé le secret,  
souvent pour protéger leur sécurité. Pour autant, le bilan présenté  
pour l’année 2008 est fondé sur la même méthodologie que les années  
précédentes, rendant possible une comparaison.

Vue générale

Les zones Asie-Pacifique et Maghreb-Moyen Orient sont toujours les  
plus meurtrières pour la presse. Après l’Irak (15 tués), le Pakistan  
(7 tués) et les Philippines (6 tués) sont les deux pays où les  
journalistes ont le plus perdu la vie cette année. L’hécatombe se  
poursuit au Mexique, où 4 journalistes ont été assassinés pour des  
raisons professionnelles. La baisse du nombre de morts en Afrique (3  
en 2008, 12 en 2007) s’explique surtout par le renoncement de  
nombreux professionnels à exercer leur métier, prenant souvent le  
chemin de l’exil, ainsi que par la disparition progressive des médias  
en zones de conflit (en Somalie, notamment).

Les arrestations ou interpellations (au-delà de 48 heures de  
privation de liberté) sont particulièrement élevées en Afrique, où  
les commissariats sont un lieu de passage obligé pour de nombreux  
reporters ayant "dérangé" les gouvernements en place et franchi leurs  
lignes rouges. En Irak (31 arrestations), l’armée américaine continue  
de gérer la situation sécuritaire en faisant parfois incarcérer les  
collaborateurs de médias étrangers ou les journalistes locaux. En  
Chine (38 arrestations), l’année olympique a servi de prétexte pour  
de nombreuses incarcérations. En Birmanie (17 arrestations), le  
raidissement de la junte a été payé de leur liberté par de nombreux  
journalistes ou blogueurs critiques.

Réaction de Reporters sans frontières :

"Les chiffres sont certes moins élevés que l’année précédente, mais  
cette baisse masque mal une généralisation de l’intimidation et de la  
censure, y compris en Occident, ainsi qu’un raidissement des  
gouvernements les plus autoritaires. Si certaines situations se sont  
effectivement améliorées quantitativement, cela est parfois dû au  
découragement des journalistes eux-mêmes, qui prennent le chemin de  
l’exil ou renoncent à leur métier. Dans ce contexte, nous ne pouvons  
pas dire qu’une soixantaine d’assassinats, des arrestations par  
centaines et des actes de censure généralisés soient un motif  
d’optimisme."

La répression se déplace sur Internet

L’année 2008 a connu moins de journalistes des médias traditionnels  
tués ou arrêtés. Mais la situation de la liberté de la presse dans le  
monde ne s’est pas améliorée pour autant : désormais, à mesure que la  
presse écrite et audiovisuelle se transforme et que la blogosphère  
prend une envergure mondiale, la prédation s’exerce sur Internet.

A cet égard, les chiffres sont parlants. Pour la première fois, un  
homme a été tué en 2008, alors qu’il effectuait un travail de  
"journalisme citoyen" : l’entrepreneur chinois Wei Wenhua a été battu  
à mort par des officiers municipaux ("chengguan"), le 7 janvier,  
après qu’il avait filmé une altercation avec des manifestants dans la  
ville de Tianmen (province du Hubei). Des actes de censure sur le Web  
ont été recensés dans trente-sept pays, notamment en Chine (93 sites  
censurés), en Syrie (162 sites censurés) en Iran (38 sites censurés).  
Mais les démocraties ne sont pas en reste, en ce qui concerne la  
surveillance et la répression du Net : en Thaïlande ou en Turquie,  
les tabous du roi ou de l’armée sont si tenaces que la police  
surveille et punit de plus en plus les utilisateurs indélicats du  
cyberespace. Les sites de partage de vidéos, comme Youtube ou  
Dailymotion, ont été particulièrement visés par les censeurs  
officiels. Blocages ou filtrages sont de plus en plus courants, dès  
lors que l’un des contenus est jugé "offensant" pour telle ou telle  
autorité.

Cette réaction épidermique de certains gouvernements envers les sites  
"collectifs" commence à entraîner des phénomènes de "censure de  
masse", notamment des réseaux sociaux. La censure d’un site comme  
Twitter (en Syrie) ou Facebook (bloqué en Syrie et en Tunisie, filtré  
en Turquie et aux Emirats arabes unis) entraîne une cascade de  
blocages qui, s’ils étaient ajoutés aux mesures de contrôles  
habituelles, multiplieraient le résultat par dix.

La prison est, enfin, la réponse de plus en plus souvent apportée par  
les gouvernements aux critiques formulées dans les blogs. Dix  
cyberdissidents ont été arrêtés en Chine, 31 ont été agressés ou  
menacés, au moins trois condamnés par la justice. En Iran, Reporters  
sans frontières a recensé dix-huit arrestations, 31 agressions et dix  
condamnations. En Syrie (8 arrestations, 3 condamnations), en Egypte  
(6 arrestations) ou au Maroc (2 arrestations, 2 condamnations), la  
libre expression sur Internet est très problématique. La machine à  
broyer la liberté d’Internet a été particulièrement sévère en  
Birmanie, où la junte a fait condamner, dans des conditions  
honteuses, le blogueur et comédien Zarganar et le jeune  
cyberdissident Nay Phone Latt à des peines de prison incroyablement  
lourdes (59 ans pour le premier, 20 ans pour le second). Ces deux  
hommes ont rejoint les nombreux autres prisonniers politiques  
birmans, dont 16 journalistes.

Réaction de Reporters sans frontières :

"L’accroissement de l’influence et des potentialités d’Internet  
s’accompagne d’une plus grande vigilance de certains gouvernements,  
aux tendance sécuritaires déjà fortes. Les pays répressifs se dotent  
chaque année de nouveaux outils, permettant le traçage des données et  
la surveillance du Réseau. Ce dernier devient peu à peu le champ de  
bataille des citoyens au regard critique ou des journalistes  
censurés, et à ce titre représente une menace pour les puissants,  
habitués à gouverner selon leur bon vouloir et dans l’impunité."

Mauvais climat, meilleurs chiffres

Cette recrudescence de la répression d’Internet survient dans un  
contexte où les médias traditionnels, y compris dans les grandes  
démocraties occidentales, sont soumis à des pressions nouvelles. Les  
lois antiterroristes ou "post-11 septembre" placent les journalistes  
d’investigation dans des situations très délicates. Les envoyés  
spéciaux sont confrontés à une hostilité grandissante, s’ils sont  
issus de pays alliés à la "coalition antiterroriste" des Etats-Unis  
ou assimilés.

Toutefois, même si la situation est globalement mauvaise, les  
chiffres ne sont pas aussi alarmants que les années précédentes. La  
répression s’est déplacée et diversifiée. Quelques gouvernements  
autoritaires ont quitté le pouvoir. Il reste que 24% d’arrestations  
en moins ne signifient pas que l’envoi de la police dans une  
rédaction ou au domicile d’un reporter ne continue pas d’être trop  
fréquents, y compris en France. Des figures du journalisme ou de la  
liberté d’expression, comme Hu Jia, prisonnier "olympique" d’un  
gouvernement chinois toujours aussi intolérant, entament l’année 2009  
en prison.

L’optimisme n’est pas de mise. Les assassinats de journalistes  
continuent, avec une légère décroissance (86 tués en 2007, 60 en  
2008, soit 22% de moins), et se concentrent désormais dans des zones  
"chaudes" où les conflits armés, la violence politico-mafieuse ou le  
terrorisme frappent tous les civils (Irak, zones tribales  
pakistanaises, Philippines, Mexique). Les enlèvements, sources  
efficaces de revenus et d’assise politique, sont toujours très  
fréquents en Afghanistan (7 journalistes ou collaborateurs  
kidnappés), en Somalie (5 kidnappings), au Mexique (5 kidnappings) ou  
en Irak (4 kidnappings).

Enfin, la censure est un outil qui connaît certes une légère  
déflation (un tiers de moins entre 2007 et 2008), mais qui reste une  
arme quotidienne dans de nombreux pays, avec une répartition  
équitable sur tous les continents (Soudan : 4 médias censurés ;  
Guinée : 5 ; Somalie : 5 ; Iran : 27 ; Egypte : 10 ; Syrie : 11 ;  
Russie : 15 ; Belarus : 18 ; Turquie : 13 ; Birmanie : 85 ; Chine :  
132 ; Pakistan : 19 ; Malaise : 25 ; Bolivie : 20 ; Brésil : 14 ;  
Mexique : 10 ; Venezuela : 7...).

Réaction de Reporters sans frontières :

"Il ne faut pas croire qu’une baisse des chiffres indique une  
meilleure situation. Le triste spectacle d’un journaliste menotté est  
quotidien, ou presque, sur tous les continents. La prison est la  
réponse la plus fréquente des gouvernements aux remises en cause. Et  
les assassinats, qui se comptent encore par dizaines et où  
l’implication des forces de sécurité est parfois plus que probable,  
ne font quasiment jamais l’objet d’un procès, que ce soit au Sri  
Lanka ou au Burkina Faso."

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Press Freedom Round-up 2008
Better figures despite a hostile climate and more Internet repression

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29797

In 2008 :
   60 journalists were killed
   1 media assistant was killed
   673 journalists were arrested
   929 were physically attacked or threatened
   353 media outlets were censored
   29 journalists were kidnapped

Internet :
   1 blogger was killed
   59 bloggers were arrested
   45 were physically attacked
   1,740 websites were blocked, shut down or suspended

For comparison, in 2007 :
   86 journalists were killed
   20 media assistants were killed
   887 journalists were arrested
   1,511 were physically attacked or threatened
   528 media outlets were censored
   67 journalists were kidnapped

Reporters Without Borders only counted cases in which a link between  
the violation and the victim’s work as a journalist was clearly  
established or very likely. The figures cover the violations the  
organisation learned about. They do not cover violations which the  
victims chose not to report (usually for security reasons). In other  
words, the same method was used to compile the figures as in previous  
years, making comparisons possible.

Overview

The Asia-Pacific and Maghreb-Middle East regions are still the  
deadliest for the press. After Iraq (with 15 journalists killed), the  
two countries with the highest death tolls are Pakistan (7 killed)  
and the Philippines (6 killed). The bloodshed continues in Mexico,  
where four journalists were murdered in connection with their work.  
The fall in the death toll in Africa (from 12 in 2007 to 3 in 2008)  
is due above all to the fact that many journalists stopped working,  
often going into exile, and to the gradual disappearance of news  
media in war zones such as Somalia.

The number of arrests (for periods of more than 48 hours) is  
particularly high in Africa, where it is almost routine for  
journalists to end up in police cells when they upset senior  
officials or cover subjects that are off-limits. In Iraq (31  
arrests), the US military’s handling of the security situation often  
results in Iraqi journalists, including those working for foreign  
news media, being imprisoned. In China (38 arrests), many cases of  
detention were attributable to the Olympics. In Burma (17 arrests),  
outspoken journalists and bloggers were jailed in a crackdown by the  
military government.

Reporters Without Borders comment :

“The figures may be lower than last year’s but this should not mask  
the fact that intimidation and censorship have become more  
widespread, including in the west, and the most authoritarian  
governments have been taking an even tougher line. The quantitative  
improvement in certain indicators is often due to journalists  
becoming disheartened and turning to a less dangerous trade or going  
into exile. We cannot say that 60 deaths, hundreds of arrests and  
systematic censorship offer grounds for optimism.”

Repression shifts to the Internet

The fall in the number of journalists from the traditional media  
killed or arrested in 2008 does not mean the press freedom situation  
has improved. As the print and broadcast media evolve and the  
blogosphere becomes a worldwide phenomenon, predatory activity is  
increasingly focusing on the Internet.

In this respect, the figures speak for themselves. In 2008, someone  
was for the first time killed while acting as a “citizen journalist.”  
It was Chinese businessman Wei Wenhua, who was beaten to death by  
“chengguan” (municipal police officers) while filming a clash with  
demonstrators in Tianmen (in Hubei province) on 7 January. Cases of  
online censorship were recorded in 37 countries, above all China (93  
websites censored), Syria (162 websites censored) and Iran (38  
websites censored).

There are democracies that do not lag far behind in terms of online  
surveillance and repression. Taboos established by the monarchy in  
Thailand and by the military in Turkey are so tenacious that  
incautious Internet users are increasingly being monitored and  
punished by the police. Video-sharing websites such as YouTube and  
Dailymotion are favourite targets of government censors. It is  
becoming more and more common for sites to be blocked or filtered  
because of content that officials have deemed “offensive.” A visceral  
reaction from some governments towards participatory websites,  
especially social networking sites, is beginning to give rise to  
cases of “mass censorship.” The censorship of sites such as Twitter  
(in Syria) or Facebook (blocked in Syria and Tunisia, and filtered in  
Turkey and the United Arab Emirates) leads to massive amounts of  
content being blocked - an effect that is considerably compounded  
when combined with other standard methods of control.

Governments are increasingly responding with imprisonment to  
criticism by bloggers. In China, 10 cyber-dissidents were arrested,  
31 were physically attacked or threatened, and at least three were  
tried and convicted. In Iran, Reporters Without Borders registered 18  
arrests, 31 physical attacks and 10 convictions. Online free  
expression is also curtailed in Syria (8 arrests and 3 convictions),  
Egypt (6 arrests) and Morocco (2 arrests and 2 convictions).

Internet freedom has been crushed with particular severity in Burma,  
where the military government has arrested and tried blogger and  
comedian Zarganar and the young cyber-dissident Nay Phone Latt in a  
disgraceful manner and sentenced them to incredibly severe jail terms  
(59 years for the former, 20 years for the latter). These two men  
join Burma’s many other political prisoners, who include 16 journalists.

Reporters Without Borders comment :

“The growth in the Internet’s influence and potential is being  
accompanied by greater vigilance on the part of some governments with  
already marked security concerns. Every year, repressive governments  
acquire new tools that allow them to monitor the Internet and track  
online data. The Internet is gradually becoming a battleground for  
citizens with criticisms to express and journalists who are censored  
in the traditional media. As such, it poses a threat to those in  
power who are used to governing as they wish with impunity.”

Hostile climate, better figures

The upsurge in online repression comes at a time when traditional  
media, even in the leading western democracies, are coming under  
renewed pressure. Anti-terrorism and “post-9/11” laws put  
investigative journalists in very delicate positions. Foreign  
correspondents face growing hostility if they are from countries that  
are part of, or associated with, the US-led “anti-terrorist” coalition.

Still, even if the overall situation is bad, the figures are not as  
alarming as in previous years. Repression has shifted and  
diversified. Some authoritarian governments have been replaced. But  
even with 24 per cent fewer arrests, there are still too many police  
raids on news media and reporters’ homes, including in France. And  
there are leading journalists and free expression activists such as  
Hu Jia, the “Olympic” prisoner of a Chinese government as intolerant  
as ever, who are beginning 2009 in jail.

There are no grounds for optimism. The murders of journalists  
continue although the number has fallen slightly (by 22 per cent,  
from 86 in 2007 to 60 in 2008) and the deaths are now concentrated in  
“hot zones” - Iraq, Pakistan’s Tribal Areas, Philippines and Mexico -  
where civilians of all kinds fall victim to wars, political and  
criminal violence or terrorism. Abduction, an effective source of  
income and political affirmation, is still very frequent in  
Afghanistan (7 journalists and media assistants kidnapped), Somalia  
(5 kidnappings), Mexico (5 kidnappings) and Iraq (4 kidnappings).

Finally, there is a slight decline in the use of censorship (with a  
third fewer cases in 2008 than in 2007) but it continues to be a  
routine tool in many countries that are equally distributed in all  
the continents - Sudan (4 media outlets censored), Guinea (5),  
Somalia (5), Iran (27), Egypt (10), Syria (11), Russia (15), Belarus  
(18), Turkey (13), Burma (85), China (132), Pakistan (19), Malaysia  
(25), Bolivia (20), Brazil (14), Mexico (10) and Venezuela (7).

Reporters Without Borders comment :

“One should not conclude from a decline in the figures that the  
situation has necessarily improved. The sad spectacle of a journalist  
in handcuffs is an almost daily occurrence in all the continents.  
When governments are challenged, their most frequent response is  
imprisonment. And the dozens of murders, in which the involvement of  
the security forces is often almost certain, rarely lead to trials,  
whether in Sri Lanka or Burkina Faso.”

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Libertad de prensa : el año 2008 en cifras
Un mal clima, aunque mejores cifras ; la represión se desplaza a  
Internet

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29805

En 2008 :
   60 periodistas asesinados
   1 colaborador de los medios asesinado
   673 periodistas detenidos
   929 agredidos o amenazados
   353 medios de comunicación censurados
   29 periodistas secuestrados

Y en lo que se refiere a Internet :
   1 blogger asesinado
   59 bloggers detenidos
   45 agredidos
   1.740 sitios informativos cerrados o suspendidos

A título comparativo, en 2007 :
   86 periodistas asesinados
   20 colaboradores de medios asesinados
   887 periodistas detenidos
   67 secuestrados
   1. 511 agredidos o amenazados
   528 medios de comunicación censurados

Reporteros sin Fronteras he tenido en cuenta los casos en que o bien  
ha quedado establecida la relación entre la profesión de la víctima y  
el incidente, o bien es altamente probable. Las cifras indicadas  
censan los episodios que han llegado a conocimiento de la  
organización, lo que deja al margen los casos que las víctimas han  
mantenido voluntariamente en secreto, con frecuencia para proteger su  
seguridad. Sin embargo, el balance presentado del año 2008 se basa en  
la misma metodología que los de años anteriores, lo que hace posible  
establecer comparaciones.

Vista general

Las zonas de Asia-Pacífico y Maghreb-Oriente Medio siguen siendo las  
más letales para la prensa. Después de Irak (15 asesinados), Pakistán  
(7 asesinados) y Filipinas (6 asesinados), son los dos países donde  
más periodistas perdieron la vida en este año. La hecatombe continúa  
en México, donde asesinaron a 4 periodistas por motivos  
profesionales. El descenso del número de muertos en Africa (3 en  
2008, 12 en 2007) se explica sobre todo por la renuncia de muchos  
profesionales a seguir ejerciendo su oficio, lo que con frecuencia  
les ha llevado a emprender el camino del exilio, así como por la  
progresiva desaparición de medios de comunicación en las zonas en  
conflicto (especialmente en Somalia).

Los arrestos y detenciones (más allá de 48 horas de privación de  
libertad) son particularmente numerosos en Africa, donde las  
comisarías resultan un lugar de paso obligado para muchos reporteros  
que « molestan » a los gobiernos establecidos, y franquean las líneas  
rojas trazadas por ellos. En Irak (31 detenciones), el ejército  
norteamericano sigue gestionando la seguridad, llegando en ocasiones  
a encarcelar a los colaboradores de medios extranjeros, o a  
periodistas locales. En China (38 detenciones), el año olímpico  
sirvió de excusa para muchos encarcelamientos. En Birmania (17  
detenciones), muchos periodistas o bloggers críticos han pagado con  
su libertad la rigidez de la Junta.

Reacción de Reporteros sin Fronteras :

"Es cierto que las cifras son menos elevadas que el año anterior,  
pero el descenso oculta muy mal una generalización de la intimidación  
y la censura, también en Occidente, así como un endurecimiento de los  
gobiernos más autoritarios. Aunque, efectivamente, algunas  
situaciones han mejorado cuantitativamente, hay que tener en cuenta  
que a veces se debe al desaliento de los propios periodistas, que  
emprenden el camino del exilio o renuncian a su trabajo. En este  
contexto no podemos decir que cerca de sesenta asesinatos, cientos de  
detenciones y actuaciones de censura generalizadas, sean un motivo  
para sentirse optimistas."

La represión se desplaza a Internet

En el año 2008 mataron o detuvieron a menos periodistas de medios de  
comunicación tradicionales. Pero, sin embargo, eso no significa que  
haya mejorado en el mundo la situación de la libertad de prensa :  
ahora, a medida que se van transformando la prensa escrita y  
audiovisual y que la blogosfera adquiere una envergadura mundial, la  
predación se ejerce en Internet.

A este respecto, las cifras hablan por sí solas. Por primera vez, en  
2008 mataron a un hombre cuando efectuaba un trabajo de « periodismo  
ciudadano » : al empresario chino Wei Wenhua le golpearon hasta  
matarle unos oficiales municipales ("chengguan") el 7 de enero,  
después de que grabara un altercado con manifestantes en la ciudad de  
Tianmen (provincia de Hubei). En treinta y siete países se han  
verificado actuaciones de censura en la Web, sobre todo en China (93  
sitios censurados), Siria (162 sitios censurados) e Irán (38 sitios  
censurados). Pero tampoco las democracias se quedan cortas en lo que  
se refiere a la vigilancia y represión del Net : en Tailandia o  
Turquía, los tabúes del rey o el ejército son tan pertinaces que la  
policía vigila y castiga cada vez más a los usuarios poco delicados  
del ciberespacio. Los sitios de vídeos compartidos, como YouTube o  
Dailymotion, han sido uno de los objetivos preferidos de los censores  
oficiales. Cada vez son más frecuentes los bloqueos y filtrados en el  
momento en que tal, o cual, autoridad considera « ofensivo » alguno  
de sus contenidos.

Esa reacción epidérmica de algunos gobiernos hacia los sitios «  
colectivos » empieza a generar fenómenos de « censura masiva », sobre  
todo en las redes sociales. La censura de un sitio como Twitter (en  
Siria) o Facebook (bloqueado en Siria y Túnez, filtrado en Turquía y  
en los Emiratos Arabes Unidos) tiene como consecuencia una cascada de  
bloqueos que, si se añaden a las medidas habituales de control,  
multiplican el resultado por diez.

La cárcel es, en fin, la respuesta cada vez más frecuente de los  
gobiernos a las críticas formuladas en los blogs. En China detuvieron  
a diez ciberdisidentes, a 31 les agredieron o amenazaron y la  
justicia dictó condenas para al menos tres. En Irán, Reporteros sin  
Fronteras ha contabilizado dieciocho detenciones, 31 agresiones y  
diez condenas. En Siria (8 detenciones, 3 condenas), Egipto (6  
detenciones) o Marruecos (2 detenciones, 2 condenas), la libre  
expresión en Internet resulta muy problemática. La máquina de  
triturar la libertad en Internet fue particularmente severa en  
Birmania, donde la Junta hizo que condenaran, en condiciones  
vergonzosas, al blogger y actor Zarganar y al joven ciberdisidente  
Nay Phone Latt, a penas de cárcel increíblemente graves (59 años para  
el primero, 20 años para el segundo). Estos dos hombres se han sumado  
a los muchos otros presos políticos birmanos, 16 de los cuales son  
periodistas.

Reacción de Reporteros sin Fronteras :

"El aumento de la influencia y las potencialidades de Internet va  
acompañado de una mayor vigilancia de algunos gobiernos, que ya  
tenían fuertes tendencias en materia de seguridad. Los países  
represivos se dotan cada año de nuevas herramientas que les permiten  
llevar a cabo la caza de datos y vigilancia de la Re, que poco a poco  
está convirtiéndose en el campo de batalla de ciudadanos con espíritu  
crítico o de periodistas censurados ; y justamente por eso representa  
una amenaza para los poderosos, acostumbrados a gobernar a su antojo,  
y con toda impunidad."

Mal clima, mejores cifras

Este aumento de la represión de Internet se produce en un contexto en  
que los medios de comunicación tradicionales, incluidos los de las  
grandes democracias occidentales, se ven sometidos a nuevas  
presiones. Las leyes antiterroristas, o « post-11 de septiembre »,  
colocan a los periodistas de investigación en una situación muy  
delicada. Los enviados especiales tienen que enfrentarse a una  
hostilidad creciente si proceden de países aliados a la « coalición  
antiterrorista » de Estados Unidos, o equiparables.

Sin embargo, e incluso aunque la situación es globalmente mala, las  
cifras no son tan alarmantes como en años anteriores. La represión se  
desplaza y diversifica. Algunos gobiernos autoritarios ya no están en  
el poder. Hay que decir que el 24% menos de detenciones no significa  
que el envío de la policía a una redacción, o al domicilio de un  
reportero, no siga ocurriendo con demasiada frecuencia, incluso en  
Francia. Figuras del periodismo o de la libertad de expresión, como  
Hu Jia, preso "olímpico" de un gobierno chino siempre igual de  
intolerante, empiezan el año 2009 en la cárcel.

El optimismo no es oportuno. Siguen sucediéndose los asesinatos de  
periodistas, con un ligero descenso (86 en 2007, 60 en 2008, es decir  
un 22% menos), y ahora se concentran en zonas "calientes" donde los  
conflictos armados, la violencia político-mafiosa o el terrorismo,  
afectan a todos los civiles (Irak, zonas tribales paquistaníes,  
Filipinas, México). Les secuestros, eficaces fuentes de ingresos y  
presiones políticas, cada vez son más frecuentes en Afganistán (7  
periodistas o colaboradores secuestrados), Somalia (5 secuestros),  
México (5 secuestros) o Irak (4 secuestros).

Finalmente, la censura es una herramienta que es cierto ha  
experimentado una ligera deflación (una tercera parte de diferencia  
entre 2007 y 2008), pero que sigue siendo un arma utilizada  
diariamente en muchos países, con similar reparto en todos los  
continentes (Sudán : 4 medios de comunicación censurados ; Guinea :  
5 ; Somalia : 5 ; Irán : 27 ; Egipto : 10 ; Siria : 11 ; Rusia : 15 ;  
Bielorrusia : 18 ; Turquía : 13 ; Birmania : 85 ; China : 132 ;  
Pakistán : 19 ; Malasia : 25 ; Bolivia : 20 ; Brasil : 14 ; México :  
10 ; Venezuela : 7...).

Reacción de Reporteros sin Fronteras :

"No hay que creer que un descenso de las cifras significa una  
situación mejor. A diario, o casi, asistimos al triste espectáculo de  
un periodista esposado, en todos los continentes. La cárcel suele ser  
la respuesta más frecuente de los gobiernos cuestionados. Y los  
asesinatos, que todavía se cuentan por decenas, en los que es más que  
probable la implicación de las fuerzas de seguridad, prácticamente  
nunca son objeto de un proceso judicial, tanto si ocurren en Sri  
Lanka como en Burkina Faso."

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Ambroise PIERRE
Bureau Afrique / Africa Desk
Reporters sans frontières / Reporters Without Borders
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