Courtesy AFRIBONE special envoys. Enjoy my friends
"Môgô bè sé ka san kè yan" (on peut passer un an ici sans se soucier de la
nourriture, en bambara), (You can spend a whole year here without worrying
about food - in English - Haruna)
San fait la fête et travaille à l’avenir
L’histoire de la pêche traditionnelle se confond avec celle d’une ville qui
rêve de la mettre au centre d’un rendez-vous international. Une semaine de
joie et de communion, mais aussi de rétrospective sur le passé et de
projection.
Cette grande fête était placée sous la présidence du maire de la commune
urbaine de San, le Dr Jabriou A. Haïdara sur l’avenir. Voilà l’ambiance dans
laquelle la ville de San et ses environs étaient plongés du 8 au 14 juin, à l’
occasion de la première édition du Festival sur le Sanké. Cette fête populaire
se tiendra désormais chaque année à San, une ville située à quelque 400 km à
l’est de la capitale.
Le Festival sur le Sanké est une innovation apportée par l’Alliance Doféra
et Banabako à la traditionnelle -et célèbre- pêche annuelle dénommée "Sanké
Mô" (la pêche dans la mare Sanké en bambara).
Cette grande fête était placée sous la présidence du maire de la commune
urbaine de San, le Dr Jabriou A. Haïdara, et a enregistré la présence d’une
forte délégation venue du Burkina Faso avec à sa tête, Mme Mariam Fofana, le
maire de Nouna, une commune rurale située à une soixantaine de kilomètres et qui
développe des relations de jumelage avec la ville de San.
Echappément libre
Plus d’un millier de personnes venues de tous les horizons du cercle de San,
de la région de Ségou ont pris part aux festivités. Des ressortissants de la
ville résidant dans la capitale et dans d’autres grandes villes du pays et
de la sous-région étaient également de la fête.
Durant toute une semaine, la ville a fait le plein de monde, les hôtels
aussi, au point que les locaux de la mairie ont dû offrir l’hospitalité à des
visiteurs.
Danse traditionnelle "ngélékoun", masques bozo et bwa de Djéguéna et Sy,
veillées des chasseurs, conférence sur les origines de "Sanké Mô", animations
artistiques, lutte traditionnelle, visites des lieux sacrés de la ville de San,
caravane de motocycles "Roule Sanké roule", match amical de foot opposant
Doféra à Banabako... l’agenda de cette première édition du Festival sur le Sanké
était des plus fournis.
L’atmosphère s’est maintenue à la liesse durant toute la durée du festival.
Hommes, femmes, jeunes et vieux ... chacun a mis toute son énergie pour la
réussite de l’événement. Mais la palme est indiscutablement revenue à la
jeunesse avec son Safari de motos et d’automobiles.
Durant tout le festival, San a résonné des vrombissements de moteurs. Les
cascadeurs ont pris d’assaut la grande artère qui traverse la ville en
diagonale.
Pour accroître la pétarade, certains avaient adopté l’échappement libre en
supprimant le silencieux du tuyau d’échappement de leurs engins. Juché sur sa
Djakarta, Nouhoum se soucie peu des règles élémentaires du code de la route.
Il "bombe" à tombeau ouvert, en équilibre sur sa roue arrière.
Et la foule conquise par ses prouesses, l’applaudit à tout rompre. Le jeune
conducteur est imité par une myriade de motocyclistes, tous aussi imprudents
et casse-cou les uns que les autres. "On ne meurt pas deux fois dans sa vie",
répètent-ils, inconscients du danger.
Pourtant les organisateurs de l’événement avait pensé à sensibiliser les
Sanois sur les dangers des violations du code de la route. En prélude au
festival, l’Alliance Doféra et Banabako a ainsi organisé un atelier sur la sécurité
routière et offert des casques aux motocyclistes.
"Nous voulions parer à d’éventuels accidents", explique Soumaïla Maïga. Le
vice-président de l’alliance, Mamadou Lamine Traoré, estime que la formation a
eu des impacts positifs car aucun cas d’accident majeur n’a été signalé
cette année, contrairement aux autres années où des accidents graves
occasionnaient des morts d’hommes.
Mort subite.
Les Sanois et leurs hôtes étaient si décidés à faire la fête que même la
pluie n’a pu doucher l’enthousiasme. "C’est une grande fête pour moi.
Une nouvelle bougie sur laquelle je souffle. Beaucoup de gens étaient là l’
année dernière mais qui manquent cette année. Alors je me réjouis et remercie
Dieu de m’avoir accordé une année de vie de plus", se réjouit Boubacar,
ajoutant que "Sanké Mô" représente tout un symbole pour les Sanois. Oui "Sanké Mô"
n’est pas n’importe quelle fête à San.
Cette pêche millénaire plonge ses racines dans l’origine de la ville. Selon
Sidiki Traoré, "Sanké Mô" célèbre sa 608è édition. Plus de 6 siècles ! L’
enseignant à la retraite a fait cette révélation lors d’une conférence sur "les
origines, les mythes et les réalités et les intérêts socioculturels" qu’il a
animée à l’occasion du festival.
"Sanké Mô", a-t-il expliqué, n’est autre qu’une pêche collective dans la
mare qui porte le nom Sanké.
L’histoire de la pêche collective se confond avec celle de la cité. Au 14è
siècle, un chasseur du nom de Bakôrè Traoré découvrit le site de l’actuel San.
Un jour, accompagné de son chien de chasse, il s’égara en brousse. Pendant
ces pérégrinations pour retrouver un repère, il déboucha sur les rives d’une
mare.
L’endroit était reposant et l’eau de la mare grouillait de poissons, au
point que le chasseur décida de s’installer là ne serait-ce que pour un bout de
temps.
"Môgô bè sé ka san kè yan" (on peut passer un an ici sans se soucier de la
nourriture, en bambara), se serait-il dit, satisfait de sa découverte. Le
chasseur finira par s’installer définitivement au bord de la mare. La ville de
San venait d’être fondée.
Non loin de la mare, Bakôrè Traoré a découvert également une forêt de
figuiers (toro en bambara) et le puits sacré qu’il nomma "Karantéla" ou "Karatèna"
(pas de souci à se faire, en bambara) qui lui servit de source pour étancher
sa soif.
Santoro (figuiers de San, en bambara), le puits sacré de Karantéla et Sanké
sont les trois symboles de San. C’est pourquoi les griots magnifient la ville
en évoquant Sanké Mô, Santoro et Karantéla. Aujourd’hui, le mystère entoure
toujours Sanké. Si la propriété de la mare revient à la famille Traoré, la
garde des lieux est confiée aux Dao suite à un pacte signé entre les deux
familles.
C’est ce qui explique que c’est aux Dao qu’il revient de donner l’ordre de
pêcher dans la mare. Celui qui enfreint cette tradition s’expose à une mort
subite, nous a-t-on confié. Cette mesure reste toujours strictement respectée
par les 55.000 habitants que compte la commune.
Repas collectif.
C’est jeudi après-midi que fut donné le coup d’envoi de la pêche
collective, un signal attendu dans la fièvre. Dès le matin, un ballet incessant se
déclencha d’hommes et de femmes, jeunes et vieux portant le "Kango" (une sorte de
filet) sur les épaules.
Chacun espérait faire de belles prises. "Gare aux poissons", plaisantait le
vieux Abdoulaye, occupé à réparer son "Papro" (un autre genre de panier
utilisé pour la pêche).
Avant la grande ruée dans l’eau, une bonne ambiance régnait dans la ville
avec des danseurs bwa, des chasseurs, des marionnettes qui rivalisaient de
dextérité pour égayer la foule massée sur la place de la mosquée. Les
réjouissances se sont poursuivies jusqu’à midi, heure à laquelle fut servi un repas
collectif.
Du riz au gras au tô, en passant par le couscous, gourmets et gourmands en
eurent pour leur compte. Après les plats de résistance, les convives
dégustèrent du "Moukoufara", une crème locale à base de mil écrasé.
Cette douceur a aussi sa petite histoire. "C’est le repas offert par Bakôrè
Traoré, le fondateur de San à ses hôtes, les Bwa de Térékoungo et de Parana
pour l’avoir aidé à débroussailler les abords de Sanké au moment où il s’y
installait. Dès lors, le "Moukoufara" est devenu un repas mythique qui
accompagne Sanké Mô", explique Sinaly Sadia Traoré, un autochtone de la ville.
On dit même que le breuvage a des vertus mystiques et favoriserait la
réussite sociale, le mariage, l’emploi, les études et d’autres voeux chers. Le
repas pris, c’est l’heure de la pêche.
La foule se regroupe dans un premier temps devant la famille fondatrice de
la ville pour les salutations d’usage aux anciens. Ce rituel accompli, la
procession s’ébranle vers la mare Sanké, au rythme des tam-tam bwa, amplifié par
des cris de joie et des battements de main. Située à 1 kilomètre au nord de
la ville, la mare a creusé son lit dans une plaine d’une dizaine d’hectares.
Arrivés les premiers sur les lieux, les jeunes piaffent d’impatience. Ils se
bousculent et mettent la vigilance des forces de l’ordre à rude épreuve.
Certains trompent leur impatience, en s’amusant à lancer en l’air les
filets et à les rattraper au vol. Les femmes et les jeunes filles ne sont pas en
reste. Sur leur "31", elles chantent et dansent au rythme des tam-tam. Quant
aux officiels, ils sont à l’abri sous un hangar en attendant que le signal
soit donné pour la pêche. Tout le monde attend avec impatience.
Cris et applaudissements.
Finalement, la foule, éperdue d’impatience, n’attend pas le coup de fusil,
ni le rituel du sacrifice du coq blanc. Une marée humaine se déverse d’un
coup dans le Sanké.
Les pêcheurs pataugent dans l’eau, tombent, se relèvent, plongent et
replongent les "kango" et les "papro" sur tout ce qui bouge à la surface et sous l’
eau. Chaque belle prise est saluée par des grands cris et des
applaudissements. L’heureux pêcheur sort de l’eau et exhibe fièrement sa prise aux officiels
qui le félicitent de son succès.
Au petit soir, la fatigue a finalement raison de l’ardeur des pêcheurs. Les
officiels et la foule des pêcheurs rentrent en ville poursuivre la fête
jusque tard dans la nuit. La journée de vendredi sera consacrée aux activités du
festival qui prendront fin samedi matin.
Dans son discours de clôture, le maire de San, Jabriou A. Haïdara, a
remercié l’ensemble des habitants de la commune urbaine de San. "Sanké Mô constitue
une fierté pour nous. C’est notre enfant à nous tous.
Et nous devons contribuer tous à sa croissance", a-t-il indiqué en
souhaitant une internationalisation de cette fête traditionnelle à l’image du Festival
sur le fleuve Niger qui se tient chaque année à Ségou.
Son appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. "Nous nous attelons à
cela. Nous en avons les possibilités. La première possibilité dont nous
disposons, c’est notre foi.
Nous croyons fermement que la pérennisation de "Sanké Mô" est à notre
portée", a assuré le président de l’Alliance Doféra et Banabako, Soumaïla Maïga en
saluant les retombées financières de la fête sur la ville de San.
Les stations d’essence figurent parmi les plus grands bénéficiaires. A l’
instar de Abou, nombre de jeunes y avaient déposé de l’argent par avance pour
ne pas se retrouver à sec durant le Safari.
Envoyés spéciaux
L. DIARRA et
A. SISSOKO
23 Juin 2008
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