Sommet à Niamey pour sauver le fleuve Niger
Ce n’est maintenant un secret pour personne que le fleuve Niger est en
danger. Ce fleuve comme d’autres cours d’eau est très menacé par les changements
climatiques. Depuis quelques années, les pays d’Afrique de l’ouest et du
centre qui ont en commun ce patrimoine se mobilisent pour le sauver. Une
organisation sous-régionale existe à cet effet : l’Autorité du bassin du fleuve
Niger (ABN). Pour la huitième fois, les chefs d’État et de gouvernement des pays
membres de cette organisation étaient réunis en sommet à Niamey, mercredi.
Ce 8è sommet a enregistré la participation de quatre chefs d’État : le
président de la République, Amadou Toumani Touré, l’hôte de la conférence, Mamadou
Tandia, Thomas Yayi Boni (Bénin), Idriss Deby Itno (Tchad). Le Burkina Faso
était représenté par son Premier ministre Tertius Zongo. La Guinée avait
envoyé son ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique, Demola Seriki. Son
collègue nigérian de l’Agriculture, Ninaga Komata Goumou était le chef de délégation
de son pays. Les partenaires français qui sont beaucoup impliqués dans la
préservation du fleuve (l’ancien président français Jacques Chirac avait
organisé une conférence sur le sujet en 2004) étaient représentés par Alain
Joyandet, le tout nouveau secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie
Le sommet qui s’est déroulé au Palais des congrès de Niamey a pris d’
importantes décisions. Auparavant, les chefs d’État et les ministres avaient
discuté tous les aspects concernant la sauvegarde du Niger : la gestion des
ressources naturelles dans le bassin du fleuve, la préservation et la protection de l
’environnement, les changements climatiques. Bien sûr, des sujets d’
actualité comme la crise céréalière mondiale n’ont pas été éludés. Face à ces défis,
les dirigeants des pays membres de l’organisation ont décidé de renforcer
les mécanismes sous-régionaux, régionaux et internationaux d’intégration et de
coopération déjà existants.
Ils ont ainsi ont adopté un ambitieux programme d’investissement s’étendant
sur période 2008-2027, dans le bassin commun. Coût du programme : environ
3600 milliards de Fcfa dont 980 milliards au compte de notre pays. Cette
information a été donnée à la presse nationale par le ministre de l’Énergie, des
Mines, et de l’Eau, Ahmed Sow. Le programme se décline en différents plans
quinquennaux dont le premier couvre la période 2008-2012.
Dans ce plan, la priorité est accordée à certains projets majeurs tels le
barrage de Taoussa dans notre pays et celui de Kanadji au Niger. Du reste, le
sommet a adopté une décision spéciale sur l’accélération de la réalisation de
ces ouvrages. Dès juin prochain, une table ronde des bailleurs de fonds sur
le financement du programme d’investissement est prévu à Niamey. Selon le
ministre Sow, environ 4o% des financements nécessaires à l’exécution du premier
plan quinquennal sont déjà mobilisés. Le ministre de l’Énergie, des Mines, et
de l’Eau, pense que l’ensemble du financement sera entièrement bouclé à l’
occasion de cette table ronde. La rencontre de Niamey a également adopté la
Charte de l’eau du bassin du Niger et a préconisé l’accélération de son
processus d’entrée en vigueur. Ladite charte, a expliqué Ahmed Sow, vise à instaurer
une gestion responsable, coordonnée et durable de l’exploitation du fleuve
Niger. Elle stipule une lutte vigoureuse contre l’ensablement du fleuve et
pour la protection de ses berges.
Toujours au nombre des décisions prises par les dirigeants, l’on retiendra l’
accélération des études sur le financement autonome et durable de l’Autorité
du bassin du Niger et du rythme d’aménagement et de mise en valeur du
potentiel irrigable.
Autres décisions importantes :
le renforcement des mécanismes de concertation existants et la prorogation
du mandat du nigérian Mohamed Bello Tuga, au poste de secrétaire exécutif de l’
ABN pour une durée de deux ans non renouvelables. Le président nigérian,
Alhaji Umaru Musa Yar’Adua a été désigné à la présidence en exercice de l’ABN
pour également deux ans. Et c’est encore au Nigeria que se tiendra le prochain
sommet des chefs d’État et de gouvernement. Ce sera en principe au cours du
premier semestre 2010.
Avant de revenir au pays, le président de la République, Amadou Toumani
Touré a visité le nouveau bâtiment qui va bientôt abriter l’ambassade de notre
pays à Niamey. Bâtie sur une surface de 1,5 hectare, cette "maison du Mali"
comprend une dizaine de bureaux, une salle de réunion et un espace de détente.
Le tout a coûté un peu plus de 265 millions de Fcfa.
Envoyé spécial S. DOUMBIA
— -
Une longue histoire
L’idée de la création d’un organisme public chargé de promouvoir la mise en
valeur des ressources du bassin du fleuve Niger remonte à l’époque coloniale
avec la mise en route à Bamako, d’une mission d’étude et d’aménagement du
Niger. Le 26 octobre 1963, les États riverains du fleuve Niger et de ses
affluents adoptaient l’Acte de Niamey relatif à la navigation et à la coopération
économique entre les États du bassin du fleuve.
L’Acte de Niamey a été modifié et remplacé par un accord créant la
Commission du fleuve Niger (CFN) et relatif à la navigation et au transport sur le
fleuve en novembre 1964. Le but de la Commission était d’encourager, promouvoir
et coordonner les études et les programmes relatifs aux travaux de mise en
valeur des ressources du bassin. Après 17 ans de fonctionnement sans résultats
satisfaisants, les États membres décidèrent lors d’un sommet à Lagos en 1979,
de remplacer la Commission du fleuve Niger par une autre institution dont
les attributions iraient au-delà de celles de la CFN. C’est ainsi que naquit à
Faranah (en Guinée), l’Autorité du Bassin du fleuve Niger (ABN) avec 9
membres : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger,
Nigeria et Tchad.
La mission de l’ABN est de promouvoir la coopération entre les pays membres
et d’assurer un développement intégré du bassin du fleuve dans divers
domaines (énergie, hydraulique, agriculture, élevage, pêche et pisciculture etc.).
Depuis sa création, l’Autorité a initié plusieurs études pour l’élaboration d’
un plan de développement intégré du bassin.
Dès les trois premières années de fonctionnement, l’ABN connut une crise
financière et institutionnelle due notamment à l’insuffisance de soutien
financier des États membres. Ce qui obligea les pays concernés à réviser la
convention portant création de l’ABN. L’adoption en 1998 d’un plan triennal d’
actions (2000-2002) et sa mise en œuvre ont permis à l’ABN de relancer
progressivement ses activités. Depuis, les réunions statutaires se tiennent
régulièrement. La plupart des pays apportent leurs contributions et les partenaires au
développement ont repris leur assistance.
S. D
02 Mai 2008
**************Wondering what's for Dinner Tonight? Get new twists on family
favorites at AOL Food.
(http://food.aol.com/dinner-tonight?NCID=aolfod00030000000001)
|