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Reporters Without Borders
Press release
18 September 2006
ERITREA
What were you doing on 18 September 2001?
Eritrea cut itself off from the world five years
ago today. While the world's attention was still
totally absorbed by the 9/11 attacks in New York
and Washington of the previous week, President
Issaias Afeworki shut down Eritrea's
privately-owned press on 18 September 2001. The
round-ups began five days later. Hundreds of
government opponents are still in prison. At
least 13 journalists are still being held
somewhere in the country's detention centres.
Reporters Without Borders calls on African
newspapers to publish articles this week about
what is one of Africa's biggest political
tragedies of the last 50 years.
What were you doing on 18 September 2001?
On that day you were probably still reeling from
the horrific scenes of passenger jets being flown
into the World Trade Centre in New York and the
Pentagon in Washington. You were still discussing
it with your family, friends and colleagues. And
you had no idea that one of Africa's biggest
political dramas of the past half-century was
unfolding in the continent's northeastern corner,
in a small country beside the Red Sea.
On 18 September 2001, Eritrean President Issaias
Afeworki ordered the closure of all of the
privately-owned press, silencing all of the
country's independent publications in one fell
swoop. Asmara, a city until then praised in songs
for its dolce vita, was stunned. The raids began
five days later, on 23 September. Within hours,
the capital was turned into a hunting ground for
the political police. Some of the country's most
brilliant journalists hid in cellars. Government
opponents and presidential rivals were thrown
into police trucks and locked up in the city's
police stations.
Some had the courage and energy to flee on foot
and eventually reached refugee camps in Sudan.
Others, such as poet and playwright Fessehaye
Yohannes, got tired of living like hunted animals
and wanted to show their solidarity with their
independent journalist colleagues, so they turned
themselves in to the police. A former newspaper
editor who is now a political refugee in Sweden
says: "It was the end of all our hopes."
18-23 September 2001 - a black week in the history of press freedom in Africa
What happened to push Eritrea over the edge after
a decade of independence? The president promised
elections, but none were held. The president
promised civil and political liberties, but the
police targeted anyone on the least pretext. With
the second war with Ethiopia barely over, the
independent press relayed the calls for
democratisation being made by 15 senior ruling
party officials, known as the Group of 15. But
all that came to a sudden end five years ago, on
18 September 2001.
Since that date, nothing has happened in Eritrea
without President Afeworki knowing about it.
There are no longer any independent publications.
For news, the population has to rely on
Soviet-style government media and a few foreign
radio stations whose signals can be received in
Asmara.
Along with the hundreds of government opponents,
13 journalists are languishing somewhere in the
country's prisons and detention centres. Their
names are Dawit Isaac, Fessehaye Yohannes, Yusuf
Mohamed Ali, Mattewos Habteab, Dawit
Habtemichael, Medhanie Haile, Temesgen
Gebreyesus, Emanuel Asrat, Said Abdulkader,
Seyoum Tsehaye, Hamid Mohamed Said, Saidia Ahmed
and Saleh Al Jezaeeri. The few Eritreans who have
managed to flee the country after being released
from detention say conditions are terrible.
Prisoners are locked up in metal containers
inside military camps. Some are tortured. Mercury
is poured in their ears. None of them has been
tried, or has seen a lawyer or has been allowed
family visits. We do not even know if they are
still alive. Each year, the government repeats
that they are "traitors to the motherland" or
"spies for Ethiopia." Since 2001,
parliamentarians have supposedly been preparing a
report on their "crimes."
The Eritrean government no longer listens to
anyone. Nobody has been able to make it see
reason. Only international public opinion has
enough influence to achieve this.
Reporters Without Borders
------------------
ERYTHREE
Que faisiez-vous le 18 septembre 2001 ?
Il y a cinq ans jour pour jour, l'Erythrée se
fermait au monde. Le 18 septembre 2001, alors que
la planète entière avait encore les yeux braqués
sur les attaques terroristes contre New York et
Washington, le président Issaias Afeworki
"suspendait" la presse privée. Le 23, de grandes
rafles commençaient. Aujourd'hui, des centaines
d'opposants sont en prison. Au moins 13
journalistes ont disparu dans les geôles du pays.
Reporters sans frontières marque cette triste
date anniversaire en demandant aux journaux
africains de publier, durant cette semaine, un
texte évoquant l'un des plus grands drames
politiques de ces cinquante dernières années sur
le continent.
Que faisiez-vous le 18 septembre 2001 ?
Sans doute étiez-vous, ce jour-là, encore sous le
choc des attaques terroristes perpétrées une
semaine plus tôt contre New York et Washington.
Vous en parliez entre amis, au sein de la
famille, avec vos collègues. Mais vous ne saviez
pas qu'à la pointe est de l'Afrique, dans ce
jeune et petit pays étiré le long de la mer
Rouge, se déroulait l'un des plus grands drames
politiques de ces cinquante dernières années sur
le continent.
Le 18 septembre 2001, le président érythréen
Issaias Afeworki ordonnait la "suspension" de
l'ensemble de la presse privée, faisant taire en
une journée tout ce que son pays comptait de voix
indépendantes. Asmara, dont les chanteurs
louaient jusque-là la douceur de vivre, se
figeait de stupeur. Cinq jours plus tard, le 23
septembre, commençaient les rafles. En l'espace
de quelques heures, la capitale était devenue un
terrain de chasse pour la police politique. Les
plus brillants journalistes du pays se terraient
dans les caves. Les opposants ou les rivaux du
chef de l'Etat étaient jetés dans des camions de
la police et enfermés dans les cellules des
commissariats de la ville. Certains ont eu le
courage et l'énergie de fuir, à pied, jusqu'aux
camps de réfugiés du Soudan. D'autres, comme le
poète et dramaturge Fessehaye Yohannes, fatigué
de vivre en animal traqué et solidaire de ses
amis des rédactions libres, se sont livrés aux
forces de sécurité. Comme le dit aujourd'hui un
ancien directeur de journal, réfugié politique en
Suède, "c'était la fin de tous nos espoirs".
18-23 septembre 2001, une semaine noire dans
l'histoire de la liberté de la presse en Afrique.
Que s'était-il donc passé pour que l'Erythrée,
indépendante depuis une dizaine d'années, bascule
ainsi dans le noir absolu ? Le Président avait
promis des élections, mais aucune n'avait eu
lieu. Le Président avait promis les libertés
civiles et politiques, mais la police s'en
prenait à tout le monde, au moindre prétexte.
Alors que la deuxième guerre avec l'Ethiopie
s'achevait à peine, la presse indépendante avait
relayé les appels à la démocratisation du pays de
quinze hauts responsables du parti au pouvoir,
connus sous le nom de "groupe des 15". Mais le 18
septembre 2001, il y a cinq ans, tout cela a
cessé d'un coup.
Depuis cette date, plus rien ne bouge en Erythrée
sans que le président Issaias Afeworki ne soit au
courant. Il n'existe plus aucune publication
indépendante. Pour s'informer, la population ne
dispose que des médias gouvernementaux, de style
soviétique, et des quelques radios étrangères
captées à Asmara.
En plus des centaines d'opposants, treize
journalistes croupissent quelque part, au secret,
dans les geôles du pays. Ils s'appellent Dawit
Isaac, Fessehaye Yohannes, Yusuf Mohamed Ali,
Mattewos Habteab, Dawit Habtemichael, Medhanie
Haile, Temesgen Gebreyesus, Emanuel Asrat, Said
Abdulkader, Seyoum Tsehaye, Hamid Mohamed Said,
Saidia Ahmed et Saleh Al Jezaeeri. Les quelques
Erythréens qui ont pu fuir le pays, après avoir
été libérés de prison, font état de conditions de
détention effroyables. Des prisonniers sont
enfermés dans des containers en métal, posés dans
les enceintes des camps militaires. Certains sont
torturés. On leur verse du mercure dans
l'oreille. Aucun d'entre eux n'a eu droit à un
procès, à un avocat ou à une visite. On ignore
s'ils sont encore en vie. Le gouvernement
érythréen répète chaque année qu'ils sont des
"traîtres à la patrie" ou des "espions de
l'Ethiopie". Il paraît que des parlementaires
préparent depuis 2001 un rapport sur leurs
"crimes".
Le gouvernement érythréen n'écoute plus personne.
Personne ne parvient à lui faire entendre raison.
Seule l'opinion publique internationale a
suffisamment de puissance pour y parvenir.
Reporters sans frontières
--
Leonard VINCENT
Bureau Afrique / Africa desk
Reporters sans frontières / Reporters Without Borders
5, rue Geoffroy-Marie
75009 Paris, France
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