Extraction minière au Mali : quantité produite inconnue par l’Etat
Absence d’une gestion transparente de l’exploitation minière, ignorance de l
’Etat sur la quantité du métal jaune extraite, dégradation accentuée de l’
environnement avec son corollaire de problème de santé publique, tels sont les
problèmes qui accompagnent les travaux des sociétés minières au Mali.
De nombreux Maliens s’interrogent sur la capacité de l’Etat à maîtriser la
quantité de l’or produite et exportée en vue de la répartition des recettes
entre les différentes parties (Etat et sociétés minières).
Ces interrogations relayées par des députés, le 12 décembre 2007 à l’
occasion de la session plénière consacrée à la loi des finances 2008, ont eu une
réponse mitigiée, de la part du ministre des finances, Abou-Bacar Traoré.
En effet, le ministre en répondant aux inquiétudes des élus de la nation,
expliquait que «le gouvernement est à la recherche d’un cabinet pour un audit
des sociétés minières». «Car, poursuit-il, les conditions des attributions des
différentes parties ne sont pas très nettes». L’initiative devait être
accompagnée par la Banque mondiale.
Cet aveu de taille en dit long sur la gestion des ressources minières
pendant plus d’une décennie dans notre pays. Avec ses sept mines d’or en
exploitation, le Mali occupe aujourd’hui le troisième rang des pays africains
producteurs de métal jaune après l’Afrique du Sud et le Ghana.
Et il est reconnu que le pays dispose de mines d’or de classe mondiale.
Officiellement, la production annuelle est de 63 tonnes dont 56 tonnes pour les
mines industrielles et 7 tonnes pour l’exploitation artisanale.
Ces chiffres élogieux seraient loin de la réalité de l’exploitation de l’or
au Mali dans la mesure où les sociétés multinationales étrangères sont
seules à savoir la réalité des opérations industrielles et commerciales de la
filière.
Ne disposant pas d’une structure et de moyens adéquats d’un contrôle
efficace sur l’exploitation de ses ressources, notre pays s’en remet seulement à
la déclaration de foi de ces sociétés extractives qui sont là, de toute
vraisemblance, pour la seule raison de faire des profits.
Le moyen de contrôle des transactions aurifères à la disposition de l’Etat
est qu’ils (Etat et sociétés minières) aient adhéré à l’initiative de
transparence des industries extractives.
La part du Mali dans la production déclarée, c’est-à-dire les 56 tonnes par
an, se situe dans l’ordre des 20 %. Les recettes générées ont évolué de 26
milliards de F Cfa en 2003 à 28 milliards en 2004 et 32,6 milliards en 2005 à
47,280 milliards en 2006.
Si les autorités maliennes se félicitent d’un apport considérable des
recettes minières dans la maîtrise de l’équilibre budgétaire, l’évolution
galopante de ces recettes cache mal les contours obscurs de l’exploitation de l’or.
Le métal jaune a pourtant supplanté le coton depuis quelques années comme
principale source d’exportation du pays.
Des exportations qui représentent 90 % de la production nationale. Cette
situation a été maintes fois dénoncée par des organisations indépendantes et des
acteurs bien informés sur le dossier or. Ceci fait dire à certains analystes
que « l’or au Mali n’est pas l’or du Mali, encore moins l’or des Maliens
».
Une douloureuse constatation que la fédération internationale des droits de l
’homme (FIDH) a mise en exergue en septembre 2007 et avril 2008. De
nombreuses associations déchantent avec la population dans l’attente en vain des
fameuses retombées promises.
Les différents constats mettent en exergue les conditions exagérément
avantageuses faites aux multinationales de l’or, la difficulté à recouvrer l’impôt
qui les frappe, et la faiblesse des Etats à contrôler la production, l’
exportation et même les effets de la pollution environnementale de cette
industrie.
Ceci revient à dire que l’exploitation des matières premières stratégiques
peut se faire, sans aucun bénéfice pour les populations et pour le
développement socio-économique du pays.
Fraudes et évasions fiscales, corruptions des administrations, sous
capacités des administrations en matière de contrôles, concourent à faire durer la
tragédie géologique.
Seydou Coulibaly
Le Républicain du 02 Juin 2008
**************Get trade secrets for amazing burgers. Watch "Cooking with
Tyler Florence" on AOL Food.
(http://food.aol.com/tyler-florence?video=4?&NCID=aolfod00030000000002)
|