Face aux assauts de l’Armée: Panique dans les montagnes
Pourchassés jusqu’au niveau de nos frontières d’avec le Niger et d’Algérie,
quotidiennement traqués par des unités de l’armée, Bahanga et sa bande sont
acculés dans leurs derniers retranchements. L’occupation systématique du
terrain par l’armée, après la destruction de la base de Tin-Assalak, crée la
panique dans les rangs des bandits.
La semaine dernière, Ibrahim Ag Bahanga, a adressé aux autorités maliennes,
une bien curieuse doléance : le retrait du colonel El Hadj Gamou du théâtre d’
opération et son retour à ..... Gao, où il commande la région militaire. Le
bandit conditionnait ainsi son éventuelle participation à une nouvelle
rencontre avec les autorités du pays, sous l’égide des Algériens à Tamarasset.
Réponse de Bamako ? Le colonel Gamou et ses hommes resteront sur le terrain
à Kidal aussi longtemps que la situation sécuritaire l’exige. Joignant l’
acte à la parole, la hiérarchie militaire a donné de nouvelles instructions au
colonel.
Elles sont surtout relatives au renforcement des positions de l’armée dans
tous les secteurs du nord-est du pays. A cet effet, Gamou est retourné à Kidal
en fin de semaine dernière. Pas pour longtemps.
Avant-hier, mardi 17 juin, il est reparti « en brousse » à la tête d’un
convoi fortement équipé. Parallèlement d’autres unités sont envoyées en renfort Ã
Tinzawaten. De leur côté, des unités mobiles quadrillent de jour comme de
nuit, les secteurs de Kidal, malgré la présence de mines déposées par les
bandits en maints endroits. Le dispositif en place est accompagné par un
déploiement, sans précédant d’armement.
C’est dire toute la détermination des autorités à maintenir la pression et
surtout la peur dans le camp des bandits. Cette détermination avait été
exprimée par le chef de l’Etat, lors de sa traditionnelle conférence de presse du 8
juin.
L’option ainsi prise par les autorités maliennes crée la psychose chez les
groupuscules armés qui évitent tout accrochage avec les forces armées. La
nouvelle doléance de Bahanga à propos du départ de Gamou et de ses hommes, prouve
à suffisance l’état d’esprit qui prévaut désormais au sein de sa bande.
En effet, la dernière opération d’envergure de l’armée, contre Tin-Assalak,
a été le plus sérieux revers que les bandits ont subi depuis le début des
hostilités en août 2007.
Outre la destruction de leur stock de vivres, d’armes et de munitions, de
nombreux bandits ont, face à l’inégalité des rapports de force, opté pour la
facilité : se rendre à l’armée. D’autres bandits ont déserté après avoir
constaté la fuite de Bahanga, qui, dans un premier temps, avait tenté d’organiser
personnellement la riposte face à l’assaut de Gamou.
Les deux hommes se connaissent parfaitement. Bahanga, en 1990, était un
simple combattant au sein du MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Azawad)
pendant que Gamou de son côté était, un des chefs militaires de l’ARLA
(Armée de libération de l’Azawad).
Après la signature du Pacte national, le mouvement de Gamou était resté
longtemps dans le maquis avant de rejoindre les autres. Entre temps, certaines
rivalités et autres désaccords propres aux mouvements rebelles avaient dégénéré
en conflits ouverts entre le MPLA et l’Arla. Ce n’est qu’après que ce
dernier a déposé les armes.
Par ailleurs, Bahanga a maille à partir avec d’autres responsables de Kidal
depuis l’attaque de Abeïbara, localité natale de Ag Bibi et surtout de Iyad
Ag Ghaly, chef historique de la rébellion des années 1990.
En effet, ces deux hommes ne pardonnent pas aux bandits cette action contre
leurs parents. Pour se défendre, Bahanga aurait pointé du doigt les
déserteurs de l’Alliance qui, comme lui, se livrent à des actes de banditisme, depuis
qu’ils ont quitté Kidal, après l’assassinat du commandant Barka.
En attendant, les bandits des deux camps tentent d’obtenir de l’Algérie,
une nouvelle médiation.
Certains sont, en effet, pressés de revenir à Kidal, mais souhaiteraient
avoir des garanties, notamment sur leur sécurité. D’autres comme Bahanga tentent
encore des manœuvres portant sur des revendications notamment le retrait de l
’armée de Kidal. Sans trop y croire.
De leur côté, les représentants de l’Etat à la rencontre programmée Ã
Tamarasset, dont l’inspecteur général de la police Mahamadou Diagouraga, Président
du comité de suivi de l’Accord d’Alger, sont toujours à Bamako.
Leur départ pour Tamarasset n’interviendra qu’après avoir reçu les
dernières instructions du chef de l’Etat qui a rejoint Bamako, hier après midi, après
avoir pris part au sommet de la CEN-SAD, Ã Cotonou.
CH. Sylla
L’Aube
19 Juin 2008
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