Selon
des informations concordantes, la délégation spéciale censée gérer la
Commune IV du District de Bamako jusqu’à la reprise des communales du 26
avril 2009, annulée pour irrégularités et fraude, devrait être
installée hier. Ceci, en violation flagrante des textes qui disposent
que tant que le contentieux n’est pas vidé, l’administration ne peut
s’interférer dans la gestion des collectivités. Telle est la position
des avocats de Moussa Mara qui dénonce un acharnement contre le jeune
maire.
L’on ne peut mettre en place une délégation spéciale
pour remplacer un maire élu même si cette élection, on ne sait par
quelle argutie, est annulée et que l’arrêt prononçant cette annulation
n’a pas encore force de chose jugée". Me David Sogoba, qu’on dit grand
procédurier, ne compte pas reculer d’un pas face à la bataille
juridico-politique dont est actuellement victime son client, le jeune
maire élu récemment en Commune IV, Moussa Mara, dont l’élection vient
d’être annulée.
Pour cet avocat qui fait partie, avec Me Waly Diawara,
d’un collectif d’avocats qui ont fait leur preuve ici au Mali et
ailleurs, en dehors de la requête principale en révision du 15 décembre
2009, le juge de la Cour Suprême était aussi tenu de se prononcer sur la
tierce opposition formée par le sieur Mahamoud Doumbia. Cette tierce
opposition est formée contre l’arrêt n° 294 du 26 novembre 2009 par
Mahamoud Doumbia, le 15 ème sur la liste indépendante Moussa Mara.
Selon les explications de Me Sogoba, la loi
n° 96-071/AN-RM du 16 décembre 1996 fixant l’organisation, les règles de
fonctionnement de la Cour Suprême et la procédure suivie devant elle,
dispose que "toute personne peut former tierce opposition à un arrêt qui
préjudicie à ses droits et lors duquel, ni elle, ni ses représentants
n’ont été régulièrement appelés dans l’instance ayant abouti à cet
arrêt. Il est procédé à l’instruction dans les formes prévues par les
articles 46 et suivants de la présente loi. Suivant les circonstances,
et conformément aux dispositions de l’article 57, la section peut
ordonner qu’il soit sursis à l’exécution de la décision dont tierce
opposition"
Il faut rappeler qu’à l’issue du dépouillement à la fin
du scrutin du 26 avril, la liste indépendante Moussa Mara était sortie
en tête avec 14 élus. Or la Cour avait invalidé la liste Mara aux motifs
que le sieur Cheick Tidiane Kéita, inscrit en deuxième position sur
cette liste, ne figure, selon une attestation de la Délégation Générale
aux Elections, sur aucune liste électorale et qu’en plus, il aurait
falsifié son identité. Pour les conseils de Moussa Mara, la Cour
reconnaît elle -même "que la sanction du juge administratif dans le cas
d’espèce, doit se limiter à l’annulation de l’élection de la personne
concernée (par l’inéligibilité) qui ne pourra plus exercer son mandat et
sera de ce fait remplacé par le suivant sur la liste".
Position, du reste, conforme à l’article 2004 du Code
électoral qui dispose en ce qui concerne le remplacement des Conseillers
communaux "qu’en cas de vacance pour quelque cause que ce soit d’un
siège de Conseiller municipal, le candidat venant sur la liste
immédiatement après le dernier élu, est appelé à occuper le siège
vacant.Il est ainsi procédé jusqu’à épuisement de la liste".
Selon Me Sogoba, l’usurpatiobn d’identité reprochée au
sieur Cheick Tidiane Kéita n’est même pas prouvée. Tout compte fait, il
revenait seulement au juge de constater l’élection du 15 ème sur la
liste Mara, Mahamoud Doumbia.
Dans leurs efforts à faire triompher le droit dans cette
bataille juridique, Me David Sogoba et ses confrères ont fait
constater, le 5 janver dernier, par exploit d’huissier que la tierce
opposition de Mahamoud doumbia est pendante devant la Cour et la
jurisprudence dans ce sens est abondante. Et Me Sogoba d’arguer que "la
tierce opposition remet en question la décision, pourqu’il soit à
nouveau statué en fait en en droit". En clair, ce n’est qu’après
épuisement de toutes les requêtes, que l’arrêt d’annulation des
élections du 26 avril 2009, aura force de chose jugée, pour mettre enfin
la délégation spéciale en place.
Une cabale judiciaire ?
Rappelons que ce feuilleton judiciaire a commencé aux
lendemains du scrutin du 26 avril 2009 lorsque les "mauvais perdants",
agissant es-nom ou es-qualité de mandataires de leurs partis, ont saisi
le Tribunal administratif de Bamako de 6 requêtes tendant à obtenir soit
l’annulation totale, soit la réformation des résultats, pour fraudes
massives et violation de la lo électorale.
Par son jugement n° 009 en date du 30 juillet 2009, le
Tribunal administratif de Bamako, après avoir prononcé la jonction des 6
requêtes, a annulé les résultats du scrutin, au motif que les parties
s’accusent mutuellement de raudes qui ont entaché la sincérité et la
transparence du scrutin.
Les partis politiques et les listes indépendantes, qui
ont été manifestement lésés par cette décision, avaient interjeté appel,
avec l’espoir que la section administrative de la Cour suprême, juge
d’appel en cette matière, allait réparer le tort qui leur a été causé. A
la grande surprise des appelants, par l’arrêt dont est tierce
opposition, le juge, après avoir annulé pour caducité le jugement à lui
déféré, a, à son tour, annulé les résultats du scrutin, en adoptant
pratiquement les mêmes motifs que le premier juge.
Il faut également rapeler qu’à l’issue du scrutin du 26
avril 2009, la liste indépendante venait en tête avec 14 conseillers,
suivie du RPM 11 conseillers, l’ADEMA-PASJ 6, l’URD 4 conseillers,
Indépendant Karoual 3 conseillers et le MPR avec 3 conseillers. Soit au
total 41 conseillers municipaux.
Bruno D SEGBEDJI
10 Février 2011.