Farce : un faucon du Cndd, Moussa Keita son secrétaire permanent estime que la proposition, un peu décalée il est vrai, de Ibn Chambas d’envoyer des forces d’interposition en Guinée est une véritable déclaration de guerre. Le débarquement de Conakry, dit-il en entrant en transe, ne se ferait que sur son cadavre.

Pile encore : la presse sénégalaise faisant parler un chirurgien suggère que l’état de Dadis est plus que préoccupant, la balle à forte vélocité qui l’a frappé, étant rentrée par sa tempe pour atteindre des régions sensibles de la tête, et que pour cette raison, le capitaine n’est pas près de revenir au Camp Alpha Yaya.

Farce de nouveau : l’autre faucon Cherif Idrissa, porte parole de Dadis, dans une interview publiée hier sur Guinéenews assure qu’il venait de lui avoir parlé au téléphone. La convalescence du chef se passe bien et le président légitime sera bientôt à Conakry, n’en déplaise à Bernard Kouchner qu’il voit comme le seul commanditaire de la tentative d’assassinat du 3 décembre.

La Guinée aurait prêté à rire si elle n’était pas le théâtre d’un duel à fleurets mouchetés entre deux tendances. L’une, regroupée autour du Général Sékouba Konaté qui visiblement cherche à limiter les dégâts et passer la main, qui invoque Dadis en sachant que sa page est tournée. Et l’autre, incarnée par le duo Moussa Keita-Chérif Idrissa qui refuse le fait accompli, flaire et dénonce un coup d’Etat dont les complices sont tous ceux à qui la situation profite aujourd’hui.

Une situation grosse de dangers à cause des inconnues et des silences qui la caractérisent. En fait, que les deux camps décident d’en découdre dépend du rapport de forces réel qui semble d’autant moins évident que les faucons continuent leur forme de désobéissance.

Personne ne sait également jusqu’où le flou sera maintenu sur l’état de santé véritable de Dadis, même si pour un fin observateur, le capitaine, à l’évidence, a dû avoir moins de chance que Johnny Hallyday. On ne sait pas, non plus, en cas d’empêchement avéré de Dadis, quelle légitimité désignera Sekouba Konaté pour diriger la transition, car pour l’instant, il n’assure qu’un intérim.

Et scénario catastrophe, personne n’ose imaginer le scénario par lequel, remis de ses blessures, le miraculé capitaine revenait à Conakry pour exiger son pouvoir dès lors devenu divin. Si elle ne sort pas tout de suite de la politique du pointillé qui est présentement la sienne, le scandale géologique qu’est la Guinée sera bientôt un scandale tout court.