Le déguerpissement des concessions situées dans l’emprise du 3e pont de Bamako est prévu aujourd’hui alors que se pose le problème de leurs indemnisations et recasement. La population a lancé hier un cri de cœur au gouvernement qui, manifestement, fait la sourde oreille.
La commission interministérielle composée du ministère de l’Equipement et des Transports, du Logement, des Affaires foncières et de l’Urbanisme et des Finances a sommé les 81 propriétaires de maisons de quitter ce mercredi. Les Chinois qui ont décidé d’offrir gracieusement ce pont et ses voies adjacentes et échangeurs au peuple malien et dont l’inauguration est prévue le 22 septembre 2010, posent comme préalable au démarrage des travaux le 1er avril, la libération du site.
Le projet d’un 3e pont est un vieux rêve des populations de Missabougou. Mais, les habitants qui sont frappés par la mesure de déguerpissement étaient loin de savoir qu’ils allaient être les « victimes » de la construction de l’ouvrage. Le mardi 24 mars, à 24 h de la date butoir de déguerpissement, le Collectif des familles visées par la démolition a manifesté son mécontentement au cours d’une conférence de presse devant la concession du chef de village.
Abdoul Karim Sangaré, porte-parole du Collectif a indiqué, que « ce sont les familles des fondateurs de Missabougou, des imams, chefs de village et autres notabilités qui sont visées ainsi qu’un lieu de culte : la première mosquée du village ». Il a accusé le ministère de l’Equipement et des Transports, le maître d’ouvrage, le ministère du Logement, des Affaires foncières et de l’Urbanisme et des Finances « de mettre la charrue devant les bœufs ».
A ses dires, « les familles ont été recensées par le ministère de l’Equipement en avril 2008. C’est en février 2009 que des notifications ont été données à certains par la mairie de la Commune VI dans les 95 ha de Yirimadio. Ces terrains dont la dimension fait 200 à 2004 m2 ne répondent pas aux aspirations des familles. Celles-ci étaient regroupées en familles nombreuses dans des concessions de 900 à 1000 m2 », a-t-il plaidé.
Le nerf de la guerre
Last but not least . Le nerf de la guerre qui est loin d’être réglé est le plus gros problème. Au moment où le ministère de l’Equipement et des Transports diffusait un communiqué radiotélévisé dans la nuit du 20 mars, invitant les familles recensées à déguerpir ce mercredi 25 mars, aucun des ayants droit n’a jusque-là perçu aucun centime à titre de frais de dédommagement.
M. Sangaré et des membres du Collectif, qui se sont rendus au ministère des Finances le lundi 23 mars ont appris que « le ministère de l’Urbanisme n’a pas encore produit le PV d’expertise aux Finances, signé des personnes concernées et qui doit servir de support au paiement ».
Un jeune étudiant membre du Collectif, Oumar Diarra a demandé aux autorités de « différer le délai de déguerpissement à 6 mois ou un an ou le cas échéant de payer des frais de location pour l’ensemble des familles jusqu’à leur rétablissement dans leurs droits ».
Une dame a lancé un cri de cœur au président ATT en ces termes : « Nous interpellons le président de la République qui se dit ami des enfants. Il ne peut pas être insensible à la cause des tout-petits qui sont concernés par cette affaire aussi bien que leurs mères ».
Le ministre de l’Equipement et des Transports, Hamed Diané Séméga qui s’est rendu impopulaire avec l’imposition des plaques d’immatriculation et permis de conduire aux motocycles et qui est source de toutes les spéculations s’attire la foudre des populations de Missabougou.
Sa correspondance en date du 17 mars 2009 invitant les familles à quitter leurs maisons avant le 25 mars 2009 et précisant que « les indemnisations interviendront à la suite des travaux de la commission ad hoc créée à cet effet », est très décrié à Missabougou.
Abdrahamane Dicko
25 Mars